Sous le pinceau du peintre vénitien Gentile Bellini, le sultan Mehmet II apparaît sous les traits d’un souverain éclairé, le visage fin et sévère.
Excepté son volumineux turban rouge et blanc, rien ne trahit un soupçon d’exotisme, encore moins de caricature. En cette fin du XVe siècle, l’heure de la réconciliation semble avoir sonné : le souverain turc n’est plus cet être barbare, incarnation du vice et de la cruauté. C’est un être civilisé, grand protecteur des sciences et des arts, avide d’engager à sa cour des artistes italiens. Pour découvrir l’histoire de cette fascination réciproque entre Ottomans et Européens, point n’est donc besoin d’aller à Venise ou à Istanbul. Grâce au prêt de quelque cent soixante œuvres d’art et objets précieux (instruments scientifiques, armures de parade, horloges et tapis), le Bozar de Bruxelles illustre avec panache cette force d’attraction qu’exerça l’Empire du Sultan sur les artistes occidentaux. Ponctuée de mosquées et de minarets, Constantinople, sa capitale, devint rapidement la destination convoitée pour tous ceux qui souhaitaient tremper leur pinceau dans les eaux du Bosphore. De Véronèse à Memling en passant par Dürer, les motivations étaient multiples et variées. Derrière ces galeries de portraits hauts en couleur, se devine toutefois le désir de satisfaire à des commandes prestigieuses, de renouveler le répertoire pictural, voire de succomber à une rêverie romantique avant l’heure. On admirera ainsi, magnifiée par un disciple de Titien, la sultane Roxelane, dite « la Rousse », qui n’était autre que l’épouse du grand Soliman. Si l’on peut regretter la muséographie un brin austère de cette exposition (bien éloignée des fastes orientaux des palais ottomans !), on louera néanmoins l’érudition de ses commissaires qui ont décrit les effets ravageurs de cette « passion ottomane » jusqu’en Pologne et en Hongrie. Après Bruxelles, l’exposition prendra ainsi tout naturellement le chemin du Musée national de Cracovie, l’un des principaux prêteurs.
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Passions ottomanes
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Abonnez-vous dès 1 €« L’Empire du sultan, le monde ottoman dans l’art de la Renaissance », Bozar, rue Ravenstein 23, Bruxelles (Belgique), www.bozar.be
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°678 du 1 avril 2015, avec le titre suivant : Passions ottomanes