Rendez-vous à Paris Photo, le salon international pour la photographie toutes époques confondues qui se tient au Carrousel du Louvre du 17 au 20 novembre. Depuis les premières images XIXe jusqu’aux créations ultra contemporaines en passant par les tirages modernes : parcours initiatique.
Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore, Paris Photo (dont c’est la 9e édition cette année) est un événement mondial unique et incontournable pour le marché de la photographie et pour tous ceux que l’image photographique fascine. Et cela se passe chez nous en France, à Paris. Une centaine de galeries internationales de quatorze pays présentent des expositions variées, parfois monographiques ou thématiques, autour du médium photo. Soit des milliers d’œuvres de plus de cinq cents photographes, pour des prix à partir de quelques centaines d’euros.
La photographie ancienne
Pour les amateurs de l’histoire des pionniers de la photographie (de 1839 à 1914), un passage sur le stand du marchand américain Hans P. Kraus Jr. s’impose. L’antiquaire spécialisé s’est appliqué à montrer le travail du Britannique Roger Fenton (1819-1869), hommage coïncidant avec la rétrospective que lui consacre à Londres la Tate Britain jusqu’en janvier 2006. Grande figure des années 1850 en Grande-Bretagne, ce topographe voyageur fut le premier à rapporter de Russie en 1852 des vues pittoresques de paysages et d’architectures. Un portrait de 1860 du Capitaine Horatio Ross (ill. 1) s’apprêtant à faire feu rappelle que Roger Fenton fut également l’un des pionniers du reportage de guerre en couvrant en 1854 le conflit de Crimée. Pour voir ou revoir un petit panorama de la photographie française du xixe, rendez-vous chez le Munichois Daniel Blau autour d’Édouard Baldus, Louis de Clercq, Gustave Le Gray, Jean-Baptiste Frenet, Charles Nègre ou encore Eugène Piot. Enfin un détour chez le Viennois Johannes Faber pour découvrir le pictorialisme (mouvement du tournant du XIXe siècle revendiquant le caractère proprement artistique de la photographie) et le symbolisme incarné par la Sécession viennoise qui est montré avec l’œuvre singulière d’Heinrich Kühn.
1920-1960 : photoreportage, mode et cinéma…
Au xxe siècle, la photographie explore de multiples champs dont on peut comprendre l’étendue au fil des stands. À côté des grands maîtres du xxe siècle, tel le photographe Robert Doisneau dont les tirages parisiens des années 1940-1950 sont montrés par plusieurs galeries (notamment chez Michael Hoppen de Londres et à la Staley-Wise Gallery de New York), sont exposés des signatures moins connues telle celle du photoreporter Georges Dudognon dont les images nous plongent dans l’ambiance jazzy parisienne de Saint-Germain-des-Prés d’après-guerre (galerie Bernard Dudoignon). Direction l’Amérique à la même époque : la galeriste Agathe Gaillard, pour fêter ses trente ans de carrière, présente notamment un ensemble de photos des années 1940-1950 de Louis Faurer sur New York, ville que l’on découvre encore grâce au talent du photographe Norman Parkinson. La photographie de mode des années 1930 sera évoquée par les célèbres clichés de Hans P. Horst sublimant l’accessoire plus que le modèle chez les galeries Hamiltons de Londres, Staley Wise et Volker Diehl de Berlin. Tandis qu’à la galerie parisienne Art 75-Yves di Maria, 25 Nus-Femmes de Sasha Stone réalisés en 1933 s’attachent à traduire une vision moderne de la femme. Dix ans plus tard (mais bien avant le travail d’Araki), la femme est érotique, de préférence nue et ligotée, derrière l’objectif de John Willie dont trente tirages d’époque sont à la galerie Paviot. Autre curiosité, Daniel Blau met en exergue « la beauté de la destruction » à travers des vintages inédits d’explosions atomiques réalisées de 1945 à 1957 au Japon, aux États-Unis et à Mururoa, provenant des archives des armées américaines et françaises. Enfin, la photographie de cinéma sort de l’ombre avec la galerie Obsis de Genevilliers qui expose une sélection de tirages (ill. 4), choisis pour leur maîtrise de la lumière et de la composition ainsi que pour leur sens de la poésie, par les photographes américains James Abbe, Georges Hurrell et Laszlo Willinger, le Français Raymond Voinquel sans oublier quelques anonymes non moins doués.
Seventies et créations contemporaines
Paris Photo 2005 sera aussi marqué par la présence soutenue de la photographie des années 1970, présentée un peu partout sur le salon.
Stephen Shore et ses paysages américains désolés sont à l’honneur à la galerie Edwynn Houk de Floride. L’exposition de la galerie Luisotti de Santa Monica prend également pour thème le paysage avec des tirages de Lewis Baltz évoquant la dépression de la société industrielle. La Rose Gallery, autre grande enseigne de Santa Monica, affiche des tirages d’époque sur la société américaine par le grand défenseur de la couleur de son temps, William Eggleston. Notons aussi dans plusieurs stands (dont celui de Thomas Zander de Cologne), les images de Mitch Epstein (ill. 2, 3), particulièrement connu pour sa manière d’aborder le thème de la famille. Quand à la création de ces vingt dernières années, elle se veut diverse bien que tournant souvent autour du paysage. C’est le cas des œuvres récentes de Geert Goiris et Jeremy Deller à galerie Art:Concept de Paris. De même pour Raghubir Singh (exposé par la jeune galerie de Munich, Galerie f 5,6, ill. 5, 6), artiste indien de renommée mondiale qui a, dans les années 1970-1980, redonné sa place à la couleur un peu à contre-courant de ce qui se faisait alors. Sans oublier l’Espagne, pays invité d’honneur (ill. 7) : plusieurs galeries espagnoles nous font partir à la rencontre de photographes espagnols aux différentes sensibilités et influences mais démontrant la force de la création ibérique actuelle.
Du 17 au 20 novembre, Carrousel du Louvre, 99 rue de Rivoli, Paris Ier, entrée : 15 euros, rens. 01 41 90 47 70, www.parisphoto.fr
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Paris Photo 2005 ou la photographie dans tous ses états
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°574 du 1 novembre 2005, avec le titre suivant : Paris Photo 2005 ou la photographie dans tous ses états