DUNKERQUE
« Tant qu’on s’occupe de ses propres petites aventures, on peut encore être optimiste, déclarait récemment Panamarenko. Mais ne t’occupe jamais du monde de l’art parce qu’il est trop laid et trop triste. »
L’artiste anversois avait alors fini par acter sa démission. En 2005, à soixante-cinq ans, après quarante ans d’activité et une rétrospective bruxelloise, il annonçait son abandon des théories quantiques, relatives et mécaniques, posait chalumeaux, moteurs, sous-marins baleine, pédalo aérien, archéoptéryx et Aéromodeller. Il renonçait. Plus de création avertissait-il, écoulant tranquillement son stock de fragiles bolides rétrofuturistes.
Ce qui n’empêche pas Dunkerque de caler son automne sur l’univers savant et mélancolique machiné par l’artiste : sous la houlette du Frac Nord Pas-de-Calais, pas moins de quatre événements occupent la ville portuaire. Et en matière portuaire, Panamarenko s’y connaît, lui qui enfant suivait sur les chantiers navals de ce père qui lui donna le goût de la construction et de l’exactitude. Exactitude qu’il pousse jusque dans ses retranchements poétiques en bidouillant des machines exploratoires cousues main, à l’image du colossal Scotch Gambit (1998) furtivement installé sur la place de l’hôtel de ville. Un modèle du genre panamarenkien : entre aéroglisseur et insecte métallique, jurassique et gadget technologique, requin à hélices et hydravion surgi d’un futur déjà révolu. Entre air et mer.
Ainsi se répartissent les expositions : machines maritimes – au musée portuaire – et machines volantes – au musée du Dessin et de l’Estampe originale de Gravelines. Et comme pour élucider le tout, la galerie Robespierre de Grande-Synthe se charge de donner forme aux processus qui régissent la poétique de l’artiste, à partir de deux exemples précis, dont le fameux bolide rouge à coques transparentes Hinky Pinky Prova. On y repère calculs, mesures, schémas, techniques, mais surtout dessins, devenus véritables outils conceptuels de connaissance. Lui que le critique et écrivain Lamarche Vadel avait su emmener du côté sombre des « œuvres sans destinataires » et que Broodthaers tenait pour le plus grand artiste belge de son temps. « Les artistes sont quand même des personnes qui peuvent s’enthousiasmer et prendre au sérieux les manifestations de la Nature, explique-t-il, pragmatique. Ils doivent pouvoir en jouer et l’expliquer de manière plastique. »
« Panamarenko », Frac Nord Pas-de-Calais, 930, avenue Rosendaël, Dunkerque (59), tél. 03 28 65 84 20, www.fracnpdc.fr, jusqu’au 13 décembre 2009.
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Panamarenko
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°618 du 1 novembre 2009, avec le titre suivant : Panamarenko