Pagk, couche après couche

L’abstraction géométrique en peinture est-elle encore possible ? Paul Pagk répond par l’affirmative avec rigueur et obstination. Pour cet Anglais né en 1962, l’acte de peindre dépasse de loin le simple assouvissement d’un plaisir esthétique ou même d’un arrangement de formes sur une surface. Peindre est avant tout un acte terrible tant l’esprit et le corps sont tout entier mobilisés par l’exécution. L’art de Paul Pagk est donc un art qui ne cherche pas à exposer de manière ostentatoire un savoir-faire manuel même si chacun de ses travaux est réalisé avec le plus grand soin, certaines œuvres nécessitant parfois plusieurs mois de labeur. Au contraire, toutes ses toiles peuvent, au premier abord, paraître d’une simplicité déconcertante : un fond uni proche du monochrome sur lequel se détachent des bandes linéaires formant parfois de vagues trames. Cependant, dès lors que le spectateur s’approche, dès qu’il joue son rôle d’observateur en scrutant la surface, il découvre combien ce qui lui est présenté est bien plus complexe. Le choix des couleurs, l’épaisseur des nombreuses couches patiemment appliquées, la façon dont les figures surgissent sur le fond, autant de signes indiquant que le sujet est autre, qu’il se situe bien dans cet espace qui sépare la lumière de la substance, dans cette ouverture conditionnée par les mille possibilités offertes par l’acte de peintre (le format, le choix du matériel, des couleurs...). Aujourd’hui, pour son exposition à la galerie Éric Dupont, Paul Pagk présente une sélection d’œuvres sur papier. La beauté de l’ensemble surprend tant le trait devient fluide, tant les coups de brosse transforment ces feuilles en interrogations sur ce que pourrait être le sujet de la peinture.