Portés par une perception très critique des conditionnements idéologiques et normatifs qui construisent notre relation au monde, deux artistes américains, Maria Thereza Alves (née en 1961 au Brésil) et Jimmie Durham (né en 1940 aux États-Unis) proposent une croisière au cœur de l’histoire plurimillénaire de la Méditerranée.
Plusieurs escales (Nourriture et musique, Naissance de l’écriture, Teinture, Verre, Sirène, Pierre bleue et Temple, Mer, Silex, Plantes, Arbres, Fer) confrontent le visiteur aux vestiges archéologiques du bassin méditerranéen en résonance avec les diversités culturelles et économiques contemporaines, aujourd’hui comme hier source de conflits. Plurielle depuis toujours, l’identité méditerranéenne se découvre ici comme un « poème sur la destinée humaine ». Dans la salle immaculée baptisée « Pierre bleue et Temple », une collection de pierres bleues et vertes est présentée en même temps que Templum (2018), une réalisation en bois de Jimmie Durham, Unrejected Wild Flora (2013), une peinture acrylique de Maria Thereza Alves, et des figurines d’animaux en bronze du second âge du fer ou de la basse époque de l’Égypte antique. Dans la salle suivante, toute bleu clair, le public prend garde de ne pas marcher sur les nombreux détritus – canettes, filtres de cigarettes, emballages usagés, etc… – disséminés sur le sol, alors que rien ne l’interdit. Au centre, trône un baril contenant de l’eau de la Méditerranée, encore limpide et propre le premier jour de l’exposition. Transhistorique, ce parcours porte un regard lucide sur cette Méditerranée terriblement humaine, pour le meilleur et pour le pire.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°712 du 1 mai 2018, avec le titre suivant : Ombres et lumières méditerranéennes