Pour ceux qui l’ignoreraient, Ô, Canada est l’hymne du Canada. C’est donc comme si l’on appelait une exposition de la scène française : « La Marseillaise ».
Soit. Denise Markonish a pris un soin extrême et beaucoup de gants pour préparer cette mission impossible de représenter le Canada. Des centaines de visites d’atelier préparées avec des conseillers recrutés parmi les commissaires renommés de chaque province, un catalogue substantiel et pas mal de temps. Mais n’est pas Harald Szeemann qui veut, lui qui avait réussi avec sa dernière exposition à inventer un visage cohérent à la Belgique. Bien malin celui qui parviendra à trouver une cohérence dans ce pays patchwork, fondamentalement antagoniste, tiraillé par ses cultures (francophone, anglophone, autochtone, sans compter l’immigration, premier business du pays).
Certes l’art pourrait être un terrain neutre où tout le monde s’entendrait dans le meilleur des mondes. C’est ce qu’a tenté le non-accrochage de Markonish, une mauvaise piste qui n’est pas assez incisive malgré de bons choix. Car les œuvres valent à elles seules le déplacement comme celles de Kent Monkman (mises en scène d’une relecture post-coloniale et post-genre de l’américanité à l’aune de l’histoire de l’art), de Nicolas Baier, qui a entièrement chromé son bureau de travail, ou encore du prodige Marcel Dzama de Winnipeg, présent avec un film hypnotique. Bref, il y a du très bon dans « Oh, Canada » mais, entre voisins, on aurait aimé des rapports un peu moins polis et moins tièdes. L’exposition manque sévèrement de drame ou de séduction.
MASS MoCA, 87, Marshall Street, North Adams, Massachusetts (États-Unis), www.massmoca.org
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Oh, canada des voisins trop polis
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°650 du 1 octobre 2012, avec le titre suivant : Oh, canada des voisins trop polis