Après la Whitechapel de Londres, le Musée d’art contemporain de Barcelone accueille Raymond Pettibon, dessinateur issu de la scène musicale underground américaine de la fin des années 1970.
Barcelone (de notre correspondante) - La sensibilité inquiétante et l’humour noir de Raymond Pettibon sont peu connus en Espagne. Le Musée d’art contemporain de Barcelone (Macba), en collaboration avec la Whitechapel de Londres, présente aujourd’hui ses dessins, vidéos et documents d’archives. Né à Tucson dans l’Arizona en 1957, Raymond Pettibon fait partie d’une génération qui a grandi dans l’ombre des principaux mouvements underground musicaux, avant de faire les beaux jours des grandes galeries américaines. Affilié au mouvement punk, il est désormais considéré comme l’un des dessinateurs nord-américains actuels les plus importants.
C’est pourtant hors du circuit artistique que commence son parcours. À la fin des années 1970, les cabines téléphoniques et les murs des immeubles de la métropole new-yorkaise se sont convertis en espaces d’expositions informels. Les affiches de groupes comme Crime, The Nuns, Negative Trend et Black Flag se sont transformées en œuvres éphémères toujours plus soignées. Peu avant, Raymond Pettibon avait commencé à publier des dessins politiques dans la revue de son université, à Los Angeles, et sa conversion en illustrateur du mouvement punk semblait naturelle. Son demi-frère, Greg Ginn, est le fondateur du mythique groupe “hardcore” Black Flag et son ami Mike Watt, le “leader” de Minuteman. Les deux groupes lui ont confié leur identité graphique : pochettes de disques, affiches, flyers, tee-shirts, posters... Quoique l’artiste n’ait jamais cru que cette activité soit bénéfique à son travail, sa popularité est devenue grandissante dans le milieu musical jusqu’à la signature en 1990 de la pochette de Goo ! de Sonic Youth. Régulièrement exposées depuis le milieu des années 1980 dans les galeries, ses compositions mêlent texte et image pour former ce qu’il nomme “des fictions”, dessins en noir et blanc qui mettent en pièces toutes les hypocrisies de l’Amérique, y compris le mystique Peace and Love hérité des années 1960 et caractéristique de la culture californienne. Mais, sur ce point, la ligne de Raymond Pettibon a été constante. Il a toujours refusé que son œuvre graphique soit comparée ou affiliée à la tradition des dessinateurs de “comics” underground, tels Robert Crumb. “Je commente certains aspects de la société, mais je le fais avec beaucoup de distance”, assure-t-il.
- Raymond Pettibon, jusqu’au 11 avril, Macba, Plaça dels Àngels, Barcelone, tél. : 34 93 412 08 10, tlj sauf mardi 11h-19h30.
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Noirs dessins
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°143 du 22 février 2002, avec le titre suivant : Noirs dessins