Bien sûr, avec Dolla, impossible d’envisager une rétrospective comme une autre.
Cette monographie se focalise sur la décennie actuelle, articulée à une habile présentation d’œuvres historiques. Mais rien de mortifère. Peut-on tenter un « c’était mieux avant » ? Eh bien, non. Avec Noël Dolla, aucune facilité de ce genre tant toutes les séries ont pour principe de ne jamais s’arrêter, d’en entraîner une autre.
Alors que la salle dévolue aux expositions temporaires du MacVal s’affirme massivement, l’ambitieuse scénographie relève le défi d’une affirmation aérienne de l’œuvre. Profondément polymorphe, elle n’a de cesse de décadrer la peinture avec une violence décontractée.
Trois « trébuchets » fonctionnant à la manière de structures mentales se répartissent dans l’espace comme autant de points d’accroche entre les œuvres plus anciennes et leur actualisation. La mémoire de l’intime, le développement historique de l’œuvre et la peinture, dans ses enjeux théoriques et conceptuels, se déploient dans ces cubes. Dans l’un d’eux, on découvre la série des Restructurations développées à partir de 1969. Il y peint dans la nature, des corrections appliquées à la neige, aux rochers, aux lignes de crête. Une magnifique incursion dans le paysage où il transporte ses outils de peintre, des œuvres éphémères photographiées avec simplicité qui nous parviennent aujourd’hui, leur puissance intacte.
C’est là toute la qualité du travail de Dolla, cette clairvoyance posée dès la fin des années 1960. En 1967, il présentait un étendoir où séchaient des tissus trempés dans la peinture. En contemporain de Supports-Surfaces, mouvement auquel il fut rattaché, Dolla a aussi peint sur des tissus d’ameublement, de la tarlatane (une gaze fragile), des gants de toilette. Mais sans jamais oublier qu’il n’est pas question que de surfaces. « Léger vent de travers » en apporte la preuve. La spatialisation des œuvres y est impeccable, jouant de saturation, d’entre-deux, inclinant des toiles comme dans un musée académique.
D’ailleurs, Dolla n’est pas du genre à s’aligner. Il tacle, fonce, gratte, manie le jeu de mots autant visuel que verbal. « L’abstraction ne soigne de rien », cette phrase qui accueille le visiteur annonce une visite surprenante, variée, tantôt bavarde, tantôt revêche. À l’image de son auteur.
« Léger vent de travers », musée d’Art contemporain du Val-de-Marne, place de la Libération, Vitry-sur-Seine (94), www.macval.fr, jusqu’au 2 août 2009.
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Noël Dolla
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°613 du 1 mai 2009, avec le titre suivant : Noël Dolla