Le Musée Matisse, à Nice, conserve la presque totalité de l’œuvre illustrée de l’auteur de Luxe, calme et volupté. Matisse a, par exemple, illustré les Amours de Ronsard. Les relations entre un artiste et un texte ne se sont pourtant pas arrêtées avec la disparition du maître des lieux. Quelques passionnés perpétuent aujourd’hui encore cette tradition et proposent à des plasticiens d’accompagner l’œuvre d’écrivains et de poètes. Dix-sept de ces ouvrages précieux sont réunis au musée niçois.
NICE. Si le livre d’artiste – ouvrage entièrement conçu par un plasticien – a pris un grand essor ces trente dernières années, la production de livres de peintres, de tradition pourtant plus ancienne, reste toujours très active. Ces imprimés pour bibliophiles sont le lieu de la rencontre inédite et souvent fructueuse d’un artiste plasticien avec un texte préexistant, la plupart du temps signé par une grande plume. Les ouvrages rassemblés, à Nice, au Musée Matisse ont tous été édités par la même maison, les éditions Picaron créées par Rik Gadella à Amsterdam en 1986, qui a proposé à Markus Lüpertz, Joseph Nechvatal, Jean-Charles Blais, Jordan Crandall, Günter Damish, Hiroschi Sugimoto, Nasrine Seraji Bozorgzad, José Maria Sicilia, James Brown, Robert Wilson, Robert Mangold, Matthew Weinstein, Mark Segal, Jam ten Have et Robert Beck une lecture contemporaine de textes d’autrefois, comme l’avait déjà fait au début du siècle Ambroise Vollard. Le marchand avait ainsi demandé, en 1902, à Pierre Bonnard d’illustrer les Pastorales de Longus ou Daphnis et Chloé, à Maurice Denis d’accompagner l’Imitation de Jésus-Christ, en 1903, à Émile Bernard de réagir à l’Odyssée ou aux œuvres de François Villon. Picasso a également réalisé des œuvres pour les Métamorphoses d’Ovide, en 1931, et Derain pour Pantagruel.
Une émotion contemporaine
Ici, les textes retenus sont signés Friedrich Hölderlin, Jean Genet, Antonin Artaud, Ezra Pound, Oscar Wilde, Ossip Mandelstam, Friedrich Hölderlin, Arthur Rimbaud, William Shakespeare, ou sont anonymes mais de haute tradition, comme la Chanson de Roland illustrée par Jean-Charles Blais. Des œuvres d’Ezra Pound ont donné lieu à des lectures plastiques par José Maria Sicilia, James Brown, Hiroshi Sugimoto, Jordan Crandall et Günther Damish. Ces livres nous offrent sans cesse un rapport décalé, une émotion contemporaine suscitée par des écrits d’un autre temps. Pour l’éditeur, il s’agit ni plus ni moins d’“expériences qui en appellent à la méditation et à la réflexion sur l’art et la littérature, sur notre culture et sur notre façon de vivre et de mourir”.
LIVRES DE PEINTRES, jusqu’au 22 février, Musée Matisse, 164 avenue des Arènes de Cimiez, 06000 Nice, tél. 04 93 81 08 08, tlj sauf mardi, 10h-17h.
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À Nice, les peintres se livrent
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°50 du 19 décembre 1997, avec le titre suivant : À Nice, les peintres se livrent