C’est une peinture monumentale, Bigger Trees Near Warter or/ou Peinture pour le nouvel âge post-photographique, la plus grande réalisée par David Hockney, qui ouvre à Bozar la double exposition consacrée à l’artiste britannique : sa rétrospective, constituée par les œuvres de la collection de la Tate, datées entre 1954 et 2017, se prolonge avec une exposition en collaboration avec la Royal Academy of Arts, consacrée aux dessins sur IPad réalisés pendant le confinement du printemps 2020, en Normandie.
Cette peinture pour le nouvel âge post-photographique, donc, où l’automne mélancolique s’étend sur 12 m de long dans 50 panneaux peints en plein air, ne nous donne pas à contempler seulement un paysage : on y voit les yeux de mouche, à facettes, constamment mobiles, de Hockney. Ils embrassent le panorama dans son immensité, contemplent les effets de la lumière, observent les couleurs, voire le temps qui passe. Le parcours de l’exposition raconte cette quête d’une vie : créer une œuvre qui rende compte de la perception du monde par notre œil. Au fil des peintures, des dessins, des eaux-fortes, des compositions qui utilisent les ressources de la photographie numérique et de l’ordinateur, des croquis sur tablette, on voit Hockney chercher un nouveau langage figuratif, capter les reflets de la lumière sur l’eau ou ceux de la vie intérieure affleurant sur les visages – en témoignent les doubles portraits monumentaux de ses parents et des époux Clark, qui ont fait le voyage jusqu’en Belgique, où Hockney n’avait pas fait l’objet d’une exposition depuis une trentaine d’années. Cette exploration de notre perception, jusqu’aux limites du regard, débouche sur un hymne à la joie : avec l’arrivée du printemps croquée par Hockney sur iPad pendant le confinement, nous voici immergés dans un carnet de voyage immobile, ou plutôt dans les yeux mêmes de l’artiste, ces yeux pour qui l’aventure réside dans les changements de lumière, une ombre qui passe, une cabane qu’on aperçoit dans les arbres qui bourgeonnent, la pluie qui se met à tomber. On jubile. Do Remember they Can’t Cancel the Spring, nous murmure Hockney.
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On ne peut pas annuler le printemps
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°749 du 1 décembre 2021, avec le titre suivant : On ne peut pas annuler le printemps