NANTES
Imaginé par Laurent Charliot, auteur de nombreux ouvrages de référence sur le rock, le parcours de l’exposition « Rock ! Une histoire nantaise » croise deux lectures : celle, historique, de la scène nantaise des années 1960 à aujourd’hui, et celle, plus pédagogique, de l’évolution des technologies et des infrastructures liées à la musique amplifiée.
Dans les murs du château des ducs de Bretagne, la mise en lumière du patrimoine nantais à travers ses artistes fait sens, par l’importance accordée aux partenaires locaux qui soutiennent et favorisent la création tels que le magasin de musique Michenaud, le disquaire Fuzz ou encore le Trempolino, espace municipal d’accompagnement dédié au rock créé en 1990 sous le mandat de Jean-Marc Ayrault, épaulé par le chanteur de Tri Yann, devenu conseiller municipal. Malheureusement, le cheminement chronologique perd soudain de sa saveur à partir des années 1990, lorsque ces artistes nantais connaissent un succès national voire international. En effet, le parcours scénographique nous fait alors entrer dans leurs univers intérieurs (la chambre reconstituée de Dominique A où il composa son premier album, la salle de répétition de Elmer Food Beat, la loge de Philippe Katerine, jusqu’à la Victoire de la musique et la tenue de scène de Jeanne Cherhal sous vitrine), perdant ainsi la trace des liens qu’entretiennent ces artistes consacrés avec leur ville d’origine. Par ce changement de regard, l’exposition s’éloigne paradoxalement des racines fertiles et singulières qui caractérisent l’âme nantaise, pourtant si palpable en début de parcours.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°712 du 1 mai 2018, avec le titre suivant : Nantes, légende du rock