Quelques batailles sanguinaires sont restées étroitement associées à la mémoire de la Grande Guerre : la Marne, Les Éparges et bien sûr Verdun.
Étonnamment, pas Nancy qui a pourtant été le théâtre des premiers affrontements décisifs qui ont permis en 1914 de limiter l’avancée des troupes ennemies sur le sol français et de stabiliser la ligne de front jusqu’à la fin des hostilités. « Le centenaire était l’occasion idéale de rouvrir cette page trop peu connue de notre histoire, explique Lisa Laborie, commissaire de l’exposition, et de mettre en lumière les différents aspects de 14-18 dans le quotidien des soldats, des civils et des artistes lorrains. » Transversale donc, la manifestation met en regard des objets emblématiques du conflit, dont des pièces récemment mises au jour par l’archéologie préventive, avec la production artistique locale. Armes, uniformes, affiches et photographies tissent un dialogue fécond avec des œuvres qui traduisent la position des artistes face à la guerre. L’exposition interroge avec finesse la portée de cette production, relevant tantôt du témoignage, de la dénonciation, mais aussi très clairement de la propagande. Les pièces relatives aux horreurs de la guerre, et en particulier le sort des villes martyres, sont ainsi majoritaires. À la série de gravures Les Crimes de la guerre de Prouvé répondent notamment les dessins de René Wiener et les photographies de Léopold Poiré, relatant entre autres la destruction de la ville de Gerbéviller. Mais la vraie découverte de l’exposition est le travail de Raoul Tonnelier, artiste nancéien aujourd’hui inconnu au bataillon. Sa création phare, La Légende de France, a en effet été redécouverte à la faveur de la préparation de l’exposition. Créée en 1915, elle se présente à la manière d’un spectacle d’ombres chinoises célébrant les temps forts de l’histoire nationale et les mouvements héroïques des troupes françaises contemporaines. Ces belles estampes colorées, affichant une iconographie patriotique mais moderne, nous dévoilent une vision inédite de l’art en temps de guerre.
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Nancy dans l’enfer de 1914
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Abonnez-vous dès 1 €Musée lorrain, 64, Grande-Rue, Nancy (54)
www.musee-lorrain.nancy.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°668 du 1 mai 2014, avec le titre suivant : Nancy dans l’enfer de 1914