My way, une variété d’artistes

My Way, titre de la célèbre chanson sirupeuse de Paul Anka, a été choisi par le critique d’art Frank Lamy comme dénominateur de son exposition au Crédac d’Ivry. Cette locution anglaise qui pourrait se traduire par « à ma manière » est un standard mondial de la variété qui possède environ 250 versions officielles, allant des Sex Pistols à Frank Sinatra, en passant par Nina Hagen. Qui dit variété, dit légèreté, frivolité, reprises, sans exclure pour autant l’angoisse qui peut sourdre à tout moment. Les six artistes ici réunis puisent tous leur inspiration dans la culture populaire, la culture au sens large, et nous livrent leur propre « cartographie subjective ». Le maître du polar pictural, Jacques Monory, poursuivant sa mythologie personnelle se met en scène et s’amuse avec ce qu’il est, ce qu’il aurait voulu être, dans une grande toile bleuie intitulée Spéciale n°8 (2001). Pour sa première exposition en France,
le sculpteur Matthew Franks, présente deux pièces en polystyrène aux allures de sucreries géantes. Ses œuvres colorées se réfèrent autant à l’histoire de l’art (Le Bernin, Henri Moore) qu’à l’univers délirant des cartoons. Avec la vidéoprojection numérique Nirrivik, Pierre-Jean Giloux choisi une légende inuit comme prétexte à un voyage imaginaire où l’on perd quelque peu ses repères, entraîné par des suites visuelles sans lien apparent, pour un résultat vraisemblable mais totalement artificiel. Nathalie Talec, quant à elle, avec Perlette la blonde, Perlette la brune, poursuit son travail d’autoportrait à partir de vagues souvenirs d’enfance. La peintre Regine Kolle nous invite à une compilation d’images empreintes de réminiscences, tandis que Stéphane Magnin, renonçant pour l’occasion à ses univers colorés et saturés, nous propose un recoin totalement dépouillé, lieu propice à l’émergence de nos propres images mentales.