On ne peut que saluer cette exposition qui se propose de mettre en lumière les œuvres britanniques conservées – et trop souvent cachées – dans les collections publiques françaises. Méconnu, voire ignoré sur le continent, l’art d’outre-Manche – qui réserve pourtant d’heureuses surprises – demeure en grande partie à étudier dans l’Hexagone.
PARIS - Un panorama, s’étendant sur près de trois siècles, de la fin du XVe jusqu’au milieu du XIXe siècle, attend le visiteur. Avec près de 230 pièces, dont la majeure partie provient des fonds du Louvre et de la Bibliothèque nationale de France, on y trouvera bien sûr de nombreux tableaux, mais aussi des dessins, des gravures, des miniatures, des sculptures et des émaux, témoins d’un art original et qui eut des échos en France.
L’intérêt porté à la Grande-Bretagne au début des XIXe et XXe siècles a favorisé la création de quelques collections privées françaises. Ainsi, la majorité des œuvres qui appartiennent aujourd’hui au patrimoine public est souvent le fait de la générosité d’amateurs éclairés - les Jacquemart, Camille Groult, le duc d’Aumale, Léon Bonnat... -, parfois heureusement complétée par une récente politique d’acquisition.
Portrait et paysage sont les genres les plus courtisés, et ceux dans lesquels le génie britannique se révèle pleinement. Le goût du portrait se développa au XVIe siècle à la cour d’Henri VIII, probablement favorisé par l’iconoclasme religieux qui suivit la création de l’église réformée anglicane. D’abord importé par des artistes étrangers - Holbein, Van Dyck, Lely -, il trouva ses meilleurs représentants au XVIIIe siècle chez Gainsborough, Reynolds ou Lawrence.
L’expression du portrait dans la miniature, dont les Anglais sont si friands, n’est pas négligeable. Des personnalités continentales sont encore à l’origine de l’essor de la peinture de paysage. L’engouement pour les compositions de Claude Lorrain et de Gaspard Dughet participa sans doute à son développement en Angleterre. Ses plus grands interprètes - Constable et Turner - mettent en évidence la singularité de la conception britannique en la matière. L’aquarelle, utilisée au départ pour des raisons pratiques, devint au cours du XVIIIe siècle un "mode d’expression autonome" apprécié.
Elle se prête particulièrement bien à la technique de Turner, qui marqua l’histoire de la peinture moderne à travers ses fantastiques évocations colorées et lumineuses.
Ce parcours serait incomplet si n’étaient abordés les sujets romantiques et ésotériques, d’inspiration littéraire, comme ceux de Füssli, et des scènes de genre et moralisatrices, dont le meilleur interprète, Hogarth, est cruellement absent des collections françaises. De même, l’importance de la gravure d’outre-Manche est à souligner. Très développée, elle assura notamment un succès populaire considérable à certains artistes - Hogarth encore ! - qui surent en tirer parti. Certains procédés typiquement britanniques, comme les "manières noires", prouvent l’originalité et le dynamisme des Anglais dans ce domaine.
Musée du Louvre, Hall Napoléon, 23 septembre-19 décembre 1994. Commissaires de l’exposition : Olivier Meslay, Arlette Sérullaz, Pierrette Jean-Richard, Barthélémy Jobert.
Entrée : 28 F. Catalogue collectif, éditions de la Réunion des musées nationaux, 330 p., 350 F. environ.
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My collection is rich !
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°7 du 1 octobre 1994, avec le titre suivant : My collection is rich !