Une importante exposition est en préparation pour l’automne 1995. Elle illustrera cinquante ans d’influence de l’avant-garde dans les arts visuels, l’architecture, le théâtre, la musique et le cinéma, depuis Kandinsky jusqu’au réalisme socialiste.
BERLIN - Berlin, depuis la réunification de l’Allemagne, a redécouvert son rôle historique de frontière ouverte entre l’ouest et l’est de l’Europe. Cette vocation est au centre de l’exposition "Moscou-Berlin 1900-1950". Les conservateurs du Martin Gropius Bau de Berlin et du Musée Pouchkine de Moscou, Jörn Merkert et Irina Antonova, ont adopté une démarche interdisciplinaire : des sections seront consacrées aux arts visuels, à la photographie, à l’architecture, au cinéma, au théâtre, à la musique et à la littérature.
L’exposition soulignera l’importance de Berlin, véritable creuset du monde artistique des années 1900 à 1950 ; elle mettra tout particulièrement en lumière le rôle d’étape joué par la capitale pour les artistes russes en route pour Paris, tels que Kandinsky, par exemple, dont la toile Improvisation XX , conservée par le Musée Pouchkine, sera présentée dans le cadre de l’exposition.
Les grands mouvements artistiques à Berlin
Dans les années vingt, Berlin se transforma en laboratoire pour les théories utopiques nées de la Révolution d’Octobre et propagées par des artistes comme Naum Gabo, Ivan Puni et surtout El Lissitsky – représenté par un de ses Proun de 1923 –, qui influença Moholy-Nagy, van Doesburg, Mies van der Rohe, Richter et Arp.
Cette effervescence artistique fut stimulée par les expositions échangées entre Berlin et Moscou à cette époque, que l’exposition actuelle tente de restituer. Dès 1922, la galerie Van Diemen organisa sa première "Russische Kunstaustellung", exposant Gabo, Malevitch et Tatlin ; deux ans plus tard, Moscou par l’intermédiaire d’un marchand d’art, Beispiele, ouvrait ses portes à Nolde, Grosz, Klee et Kollwitz.
Le cœur de l’exposition est la rencontre entre le Constructivisme, le Dadaïsme et l’Expressionnisme, mouvements largement représentés dans les Galeries d’art berlinoises. On peut observer divers aspects de l’influence russe dans Instrument de musique artificiel de Lebedev, ou dans les décors conçus par Marc Chagall pour le Théâtre Juif de 1920, conservés à la Galerie Tretiakov, tandis que les plans dessinés par Mendelsohn en 1929 pour le Palais des Soviets illustrent parfaitement le contre-courant. Le fait que l’on préféra, à Mendelsohn et Gabo, le réalisme socialiste, fut le premier symptôme d’un nouveau climat entre les deux capitales.
"Moscou-Berlin, 1900-1950", Berlin, Martin Gropius Bau, septembre 1995 à janvier 1996, puis Moscou, Musée Pouchkine, printemps 1996.
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Moscou-Berlin, cinquante ans d’avant-garde
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°8 du 1 novembre 1994, avec le titre suivant : Moscou-Berlin, cinquante ans d’avant-garde