Un aquarium rempli de méduses, installation de Tue Greenfort, accueille le visiteur de l’exposition « Océans » au Fresnoy.
La commissaire, Stefanie Hessler, a rassemblé une vingtaine d’œuvres autour de la question océanique et de sa préservation. La plupart ont été réalisées dans le cadre de la Thyssen-Bornemisza Art Contemporary Academy (TBA21-Academy). Cette plateforme de recherche, reliée à la fondation éponyme, regroupe artistes, chercheurs et penseurs sur les questions écologiques. Ces dernières années, l’Académie a organisé plusieurs expéditions, notamment en Papouasie Nouvelle-Guinée, Polynésie française ou dans les Caraïbes. La variété des thèmes abordés (réchauffement climatique, essais nucléaires, colonisation…) et la qualité inégale des œuvres donne à l’ensemble un côté un peu flottant. Et la scénographie très ouverte accentue l’effet de répétition des nombreuses vidéos sous-marines. Le Chilien Enrique Ramirez, ancien élève du Fresnoy, a imaginé une carte politico-poétique de l’Amérique du Sud, sous la forme d’une voile de bateau, en hommage au métier de son père. En évoquant les nombreuses victimes noyées au fond de l’océan Pacifique, tels les quarante-quatre sous-mariniers argentins représentés par du bois flotté, l’installation fait justement écho à une proche et tragique actualité en mer Méditerranée. On retiendra aussi la vidéo Stromness de Simon Faifhfull sur une station baleinière désaffectée de l’Atlantique Sud. Ces images de phoques évoluant sous la neige dans un hangar abandonné illustrent la reconquête de la nature d’une façon à la fois belle et incongrue.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°711 du 1 avril 2018, avec le titre suivant : Mondes flottants