Mohamed Bourouissa ses monuments aux chômeurs

Il avait notamment organisé la nomenclature par métiers. Mohamed Bourouissa reprend à son compte ce projet à la sauce d’une réalité française de crise du chômage et économique, en ajoutant un nouveau statut social, celui de chômeur. Du 23 août au 11 septembre dernier, des jeunes gens inscrits au Pôle emploi du secteur sont passés par le fab-lab mobile, structure construite avec les étudiants de l’école d’art d’Aix-en-Provence, pour se faire tirer le portrait et devenir « un monument ». Manière de donner un visage plus qu’une identité à l’exclusion sociale et à l’intégration, le processus consiste à scanner ces demandeurs d’emploi puis à en tirer une empreinte 3D en résine polyester grâce à ces nouvelles imprimantes qui bousculent les règles de la production.

Ces figurines hautes de quelques centimètres et monochromes, mini-monuments anonymes à l’attente et à l’inoccupation, sont à la fois exposées dans le centre d’art mais aussi vendues, comme le 29 septembre lors de la Brocante de la ville. Une provocation qui est la signature de ce photographe talentueux qui aime sortir sa pratique des sentiers battus pour mieux l’éprouver à la réalité. S’il ne se fait aucune illusion quant au pouvoir de l’art de changer la situation de ces hommes, Mohamed Bourouissa sait qu’en revanche le regard des visiteurs peut évoluer. Et ces « fétiches » prosaïques à vendre sont là, comme les témoins de ce changement de donne.