Miró Roi Ubu

Riche d’un fonds permanent exceptionnel de cent soixante-dix œuvres de Matisse – peintures, dessins et sculptures – de soixante-cinq Herbin, d’une collection rare de revues et de livres d’artistes réalisés par l’éditeur Tériade, de près de cinq cents gravures et d’une trentaine de tirages originaux de Cartier-Bresson, ce musée présente par ailleurs des expositions temporaires toujours exigeantes et attrayantes.

Celle sur Juan Miró (1893-1983) s’emparant du héros truculent d’Alfred Jarry, le Père Ubu, n’échappe pas à la règle. L’artiste catalan appréciait immodérément cette figure grotesquement mégalomane qui n’était pas sans lui rappeler l’homme qui imposait à l’époque son orgueilleuse dictature à l’Espagne : le général Franco. Dès 1948, Miró et Tériade s’engageaient par contrat à publier un Ubu roi illustré.

Le peintre réalise en 1953 L’Auca d’Ubu, une suite de compositions vivement tracées au crayon de couleur et à l’encre. Mais il faut attendre 1966 pour que soit publié Ubu roi accompagné de treize grandes lithographies. Six ans plus tard, Miró imagine Ubu aux Baléares, clin d’œil
caustique à « tous les Ubu qui se vautrent sur les plages au mois d’août », suivi de L’Enfance d’Ubu. Plusieurs sculptures, des marionnettes géantes et un saisissant décor de théâtre évoquent également avec ironie et malice la burlesque déraison d’Ubu.