Il n’est probablement plus nécessaire de présenter Mimosa Échard, dont les œuvres peuplent les institutions d’art contemporain depuis déjà plusieurs années.
Nominée au 22e prix Marcel Duchamp et cheffe d’atelier aux Beaux-Arts de Paris depuis septembre 2021, l’artiste présente « Sporal », une exposition personnelle d’envergure, au Palais de Tokyo du 15 avril au 4 septembre 2022. Pour Mimosa Échard, « chaque exposition est comme un nouveau scénario, une nouvelle histoire », et pour « Sporal » l’histoire commence en 2019. Alors en résidence à la Villa Kujoyama, au Japon, elle s’intéresse aux myxomycètes, des organismes monocellulaires dont une des caractéristiques est de pouvoir mobiliser jusqu’à 720 types sexuels différents. À partir du cycle de vie de ces organismes, dans lesquels l’artiste voit « des formes de vie robustes, mystérieuses et indifférentes », elle décide de créer un jeu vidéo. Mimosa Échard, pour qui la collaboration est un élément essentiel de la création, s’est entourée d’amis, la développeuse Andréa Sardin et l’artiste Aodhan Madden, pour s’attaquer à ce médium dont elle n’est pas familière. C’est à partir de ce jeu vidéo que l’artiste déroule un scénario sous la forme d’une installation composée de pièces inédites, et qui se déploie dans un espace de 500 m2 au sous-sol du Palais de Tokyo. Après avoir traversé un couloir, le visiteur se retrouve face à un écran, qui s’avère un patchwork, sur lequel est projetée une partie du jeu vidéo en train de se dérouler. Dans le travail de Mimosa Échard, rien n’est isolé ni univoque, tout se superpose, s’interpénètre et s’hybride. En témoigne ce patchwork monumental, mêlant images personnelles issues de son téléphone portable, motifs psychédéliques New Age ou encore photographies de bave de limace. Autant d’images imprimées sur des tissus « cheap », puis pixélisées, traitées, « glitchées » à l’aide de teintures végétales ou de javel, et cousues entre elles. Derrière ce « patchwork-membrane », une vidéo énigmatique d’un corps alangui est projetée sur un écran LED transparent reprenant les codes de la publicité. Elle instaure des jeux de transparence entre les deux projections, filtrées par leurs écrans diaphanes, qui vont ainsi se superposer, se mêler, se contaminer.
L’hybridation entre l’humain et le non-humain, l’artisanal et le manufacturé, l’organique et le technologique, est au cœur de son travail. La grande nouveauté est ici l’échelle monumentale imposée par le Palais de Tokyo : il a fallu « jouer l’échelle du lieu » tout en veillant à rester maîtresse des pièces et à conserver une certaine légèreté. La seconde pièce de l’exposition a été pensée comme une « backroom », où des nouvelles peintures sont présentées, aux côtés d’une sculpture réalisée à partir d’une grande étagère qui sert habituellement d’espace de stockage dans son atelier. Attachée à la dimension affective que revêtent les objets qu’elle glane et accumule depuis toujours, Mimosa Échard a pensé cette salle comme un « lieu de mémoire », où, comme dans tout son œuvre, des objets intimes côtoient des éléments manufacturés.
Après cette plongée dans l’univers enchanteur de Mimosa Échard, l’expérience pourra se prolonger en ligne, dans les mondes virtuels que nous sommes invités à explorer dans le jeu vidéo Sporal, disponible en ligne sur le site du Palais de Tokyo.
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Mimosa Échard
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°753 du 1 avril 2022, avec le titre suivant : Mimosa Échard