D’une école à l’autre ! Considéré comme un des chefs de file de l’école de Barbizon, Millet est un des instigateurs de celle de La Haye.
Après 1860 et pendant trente ans environ, lancé par des peintres d’esprit ouvert comme Jozef Israëls, Anton Mauve, les frères Maris, et plus tard Breitner, un nouveau style fleurit aux Pays-Bas. Pour mentor, ils prennent Millet, admiré pour ses restitutions de la nature et de la dignité paysanne. Ils étudient ses meules, ils s’inspirent de ses femmes cuisant le pain. Sans perdre leurs tonalités nordiques et mélancoliques, leurs sujets évoluent vers l’impressionnisme et le social. Cette visite offre, entre autres occasions, celle de découvrir un tableau emblématique peu connu, La Prière des bergers d’Israëls qui semble être un pendant du célèbre Angélus. Dans ce groupe se distingue la figure d’Hendrik Mesdag, collectionneur fortuné et avisé. C’est dans sa maison devenue un musée riche en œuvres éclectiques que se retrouvent autour du maître français ces passionnés de ruralité et de belles pensées. De salle en salle, d’intéressantes comparaisons sont à faire. Les accents de Millet sont toujours là mais passés au tamis local qui retient les bords de mer plats et sableux, les moulins et les marécages. Van Gogh pensait qu’« une peinture de Mauve parle plus clairement que la nature elle-même ». Il ne faut pas oublier que Millet connaissait les œuvres des grands artistes du Siècle d’or hollandais. Un retour d’influences auquel on pense en visitant cette petite exposition.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°729 du 1 décembre 2019, avec le titre suivant : Millet et ses épigones bataves