Figure marquante de l’avant-garde artistique belge, Michel François a une vision raffinée et très personnelle de la réalité. Du monde environnant, il dresse toutes sortes d’inventaires qu’il compose sur le mode de l’antithèse. Littéralement obsédée par la notion d’antagonisme, son œuvre fait l’éloge permanent du vide et du plein, du concave et du convexe, du clair et de l’obscur. S’il utilise différents types de médiums et de techniques, telles que la sculpture, la vidéo et la photographie, il lui plaît surtout de les mêler dans des installations souvent complexes comme à Albi en 1998 ou à Beaubourg en 1999. Figure centrale d’une œuvre polymorphe, le corps, l’empreinte, les concepts de flux, de passage et de parcours y sont les vecteurs récurrents de diverses situations imaginées par l’artiste pour mettre en évidence ce qu’il en est « des sensations les plus infimes en même temps que les plus intimes », comme l’a justement noté Frédéric Paul. C’est d’ailleurs ce dernier qui lui avait
offert en 1996, alors qu’il était directeur du Frac Limousin, l’occasion d’une importante exposition personnelle, qui l’a invité derechef cet été au centre d’art de Kerguehennec qu’il dirige depuis quatre ans. Intitulée « Déjà vu », l’exposition bretonne de Michel François réunit différentes pièces réalisées au cours de ces dernières années – notamment toute une série de photographies en couleurs de végétaux qui ont la particularité hypnotique d’être exactement symétriques – et remises en jeu selon ses habitudes dans le contexte d’un ensemble qui les donne à voir « autrement ». Michel François appartient à cette catégorie d’artistes qui, se livrant volontiers à l’autocitation, interroge le concept d’exposition, car cette propension au réemploi peut produire un déplacement du sens. Par-delà l’exposition d’un été, Frédéric Paul a invité l’artiste à réfléchir à la création d’une œuvre destinée au parc de sculptures. Le projet de l’artiste consiste à créer deux sections de paysage conçues à l’identique à partir de plantations d’arbres et de buissons jumeaux dont les essences seront très diverses et de formes opposées « afin de créer un tableau végétal qui surprenne le regard ». L’idée de Michel François est de jouer sur une notion duelle pour « produire une sensation de déjà vu, déjà parcouru, comme dans un labyrinthe ou une fiction. » À suivre donc.
« Michel François : déjà vu », BIGNAN (56), domaine de Kerguéhennec, centre d’art contemporain-centre culturel de rencontre, tél. 02 97 60 44 44, 3 juillet-26 septembre.
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Michel François, à suivre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°561 du 1 septembre 2004, avec le titre suivant : Michel François, à suivre