Après un passage à Paris pour l’exposition consacrée aux Nabis, Maurice Denis revient en vedette sur les cimaises d’un musée, mais cette fois-ci pour une rétrospective. Avec 140 tableaux et plus de 100 dessins et gravures – dont un tiers d’inédits –, cette manifestation sera l’occasion d’examiner dans sa continuité l’œuvre d’un artiste qui fut souvent moins bien considéré que ses contemporains Bonnard et Vuillard.
LYON - Si Maurice Denis fit ses débuts au sein du groupe des Nabis, il se distingua aussi très tôt par ses écrits. Théoricien de ces nouveaux prophètes dans la Définition du Néo-Traditionnisme, il demeura célèbre comme auteur d’une phrase qui fit date dans l’histoire de la peinture moderne : "Se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées" (Art et critique, août 1890).
Cependant, selon Guy Cogeval, commissaire de l’exposition, le rôle de Maurice Denis ne doit pas être réduit à son activité littéraire, aux dépens de son activité picturale. De cette première période, en effet, datent des toiles séduisantes, aux couleurs vives posées en aplats, souvent sans relief, et où la forme est simplifiée à l’extrême. Y apparaissent déjà les thèmes chers à l’artiste, récurrents tout au long de sa vie : l’illustration de sa foi catholique, et la célébration de la femme. L’influence de Seurat, de Gauguin, mais aussi la marque du Japonisme et des Préraphaélites s’y retrouvent.
La découverte de l’Italie (1898 et 1907) marqua chez lui une nouvelle orientation. Séduit par la Renaissance, son art évolua dans une tradition toute classique, dans la lignée de Cézanne. Le peintre se révèla alors dans de grandes compositions décoratives, destinées à des demeures privées (Histoire de Psyché) ou des lieux publics (coupole du théâtre des Champs-élysées).
Après la guerre, la spiritualité qui avait toujours hanté son œuvre atteignit son aboutissement dans la fondation, avec Rouault et Desvallières, des Ateliers d’art sacré (1919), répondant ainsi au souci "d’intégrer l’art à la conscience religieuse". Cependant, Maurice Denis eut parallèlement une production personnelle abondante (portraits, paysages), moins connue, que l’on pourra découvrir à Lyon.
Peintre, dessinateur, illustrateur, théoricien, critique, autant d’aspects à évoquer chez cet homme imprégné de la mission spirituelle de l’art : "Je crois que l’art doit sanctifier la nature". à propos de sa peinture, les organisateurs de l’exposition parlent de "méconnaissance" et de "jugements hâtifs". Il leur échoit donc le soin de réparer ces erreurs du passé.
Lyon, Musée des beaux-arts, 29 septembre-18 décembre 1994 (l’exposition sera ensuite présentée dans les musées de Liverpool, Cologne et Amsterdam) ; commissaires de l’exposition : Guy Cogeval, Claire Denis, Thérèse Barruel.
Entrée : 20 F. Catalogue collectif, éditions Snoeck, publié en français, allemand et anglais, 360 p. environ, 230 F environ.
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Maurice Denis, "le Nabi aux belles icônes"
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°7 du 1 octobre 1994, avec le titre suivant : Maurice Denis, "le Nabi aux belles icônes"