Matisse, le dessin dans tous ses états

Accompagnant la peinture ou la sculpture, dialoguant avec elle, le dessin est montré ici dans tous ses états : de la simple feuille d’étude à la feuille représentée pour elle-même et dans la diversité de ses moyens : crayon, fusain, plume et encre, pinceau. Le parcours s’articule selon un fil chronologique ponctué d’éclairages thématiques qui fait la part belle au travail de Matisse sur la figure. Parce qu’il la met à l’épreuve plus que tout autre sujet, à moins que ce ne soit l’inverse. Travaillant sur un dessin de femme, il déclare : « Pouvez-vous imaginer que je suis resté plus de deux mois à ce dessin ?… Il consiste, si vous voulez, en une centaine d’esquisses superposées. Regardez la feuille avec attention, vous verrez combien de fois j’ai changé l’attitude du bras. » Matisse a peint de nombreuses figures, d’un point de départ réaliste à d’autres, loin du modèle jusqu’à ce Portrait de Greta Prozor, sorte de masque spectral qui émane d’un processus de séances de poses et d’instantanés réalisés en un coup de crayon rapide, dont un fusain travaillé jusqu’à l’abstraction. Glissements plastiques subreptices. Il y a toujours chez lui deux tempos, le temps long et l’instantané. Pour coucher la forme et l’émotion provoquées en lui par le sujet.