Réunissant pour la première fois les dessins de plantes de Matisse et Kelly, la galerie d’art graphique du Centre Pompidou engage un dialogue généreux et tranquille entre deux univers. Dialogue qui pointe l’exigeant principe d’une éducation du regard et qui permet au spectateur d’en apprendre un peu plus sur la démarche picturale des deux artistes. On est frappé ici par l’énergie et la liberté du trait à l’encre noire, l’intensité des courbes et l’efficacité décorative des arabesques décrites dans les années 40 par le peintre des couleurs. A la manière d’une patiente et interminable enquête, Matisse dispose magnolias, figuiers, amaryllis sur le mode de la variation, jouant avec la blancheur du papier, multipliant les points de vue, entretenant la subjectivité de sa main. Ce nécessaire exercice d’observation longe toute l’œuvre de Kelly depuis 1949. Le motif végétal, feuille de chêne, vigne vierge ou feuille de bananier s’épure au fil des années. Il se simplifie, s’ordonne, jusqu’à se rapprocher du signe graphique dans les années 60 et 80. Jusqu’à n’être qu’un contour débarrassé de tout contexte, une pure forme immatérielle que vient redoubler la surface blanche et vierge du papier. Centrés de façon plane et frontale sur le papier, les motifs tendent alors vers une abstraction radicale en même temps qu’ils maintiennent un lien constant avec la réalité objective. A l’image de l’œuvre picturale de Kelly, conjuguant liberté et exigence formelles, présence vivante et forme pure.
- PARIS, Centre Pompidou, 19, rue Beaubourg, tél. 01 44 78 12 33, 16 janvier–8 avril.
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Matisse et Kelly, feuille à feuille
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°534 du 1 mars 2002, avec le titre suivant : Matisse et Kelly, feuille à feuille