Avec plus d’une centaine de dessins, pour la plupart inédits, une vingtaine d’aquatintes et de lithographies, et trois tableaux, l’exposition conçue par Pierre Schneider à la Fondation Mona Bismarck découvre littéralement un aspect méconnu de la dernière période de Matisse.
PARIS - Les papiers découpés sont un événement essentiel, non seulement dans la carrière de Matisse mais aussi dans l’histoire de la peinture, événement sur lequel ont médité des générations entières d’artistes. Pourtant, les dernières années, de 1945 à 1954, ne sont pas exclusivement consacrées à cette pratique, et Matisse continue d’explorer l’aspect de la nature qui retenait plus qu’aucun autre son attention : le visage. Autant la nature de cette revisitation – inscrire le temps dans le portrait – que les moyens employés – le noir et blanc – font de cette suite de dessins un moment très singulier de l’œuvre qui, jusqu’à aujourd’hui est resté méconnu.
Cinéma perpétuel
L’exposition organisée par Pierre Schneider à la Fondation Mona Bismarck, avec le concours des héritiers du peintre, a donc un caractère exceptionnel. Matisse n’utilise pas le visage comme une simple opportunité qui mettrait en valeur ses qualités et son talent. Qui n’a plus rien à prouver est à même de faire fructifier l’expérience au mieux et d’y prendre des risques inattendus.
Visage, figure, masque, signe : Matisse joue avec désinvolture des catégories pour saisir plus intensément le temps de la vie, que l’on pourrait traduire, comme il le fit lui-même, par l’idée d’un "cinéma perpétuel". On découvrira d’ailleurs de véritables séquences dans cette exposition insolite où se métamorphosent les visages de ses proches, et en particulier de ses petits-enfants, qui se sont prêtés à l’examen attentif de leur aïeul.
HENRI MATISSE : VISAGES DÉCOUVERTS, du 11 juin au 8 septembre, Fondation Mona Bismark, tlj, sauf dimanche et lundi, de 10h30-18h30. Catalogue sous la direction de Pierre Schneider, éditions Adam Biro, 208 p., 190 F.
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Matisse à découvert
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°26 du 1 juin 1996, avec le titre suivant : Matisse à découvert