SÈTE
Ce sont les années 1960 qui ont valu à Martial Raysse, né en 1936, sa place dans l’histoire de l’art.
Plus précisément, c’est avec les Nouveaux Réalistes que Martial Raysse se fait une place au soleil, voire à la plage. Pin-up, parasols, serviettes de bain, jouets gonflables…, toute cette panoplie d’objets-gadgets est regroupée dans la spectaculaire installation phare Raysse Beach (1962/2007), son œuvre iconique, qui met en évidence l’ironie mordante de l’artiste. Mais le temps est passé et les œuvres récentes, exposées au Musée Paul-Valéry, ont perdu beaucoup de leur puissance corrosive.
Certes, la parodie n’est pas absente de ses toiles qui s’inspirent des images-clés de la culture occidentale (Cranach, Ingres, le Tintoret). Quand Raysse s’attaque à des groupes, il obtient des compositions dérangeantes, inquiétantes même, des bacchanales grotesques, des satires amères, des allégories grimaçantes (Le Grand Jury, 2021 ; Now, 2017 ; Poisson d’avril, 2007). Ailleurs toutefois, nombreux sont les travaux qui font appel au kitsch, cette appellation contrôlée de niaiserie (Diriez-vous Poésie ?, 2014 ; Et alors, 2012 ; ou Actéonne, 2019, une sculpture en bronze et acier, reprise d’une posture classique).
Ce jeu avec les lieux communs et le pompiérisme, hissé au niveau d’un genre, n’est pas sans danger. Avec ces œuvres, la distinction entre premier et second degrés, comme entre pastiche et original, est loin d’être évidente pour le spectateur. Mais peut-être parfois aussi pour leur auteur.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°615 du 7 juillet 2023, avec le titre suivant : Martial Raysse entre parodie et pastiche