Voilà maintenant plus de quarante ans que Martial Raysse a choisi la peinture et le dessin comme médiums de prédilection pour fabriquer ses « images ».
C’était au début des années 1970, moment où l’artiste a décidé de rompre avec la pratique du détournement d’images et d’objets prélevés au flux de la quotidienneté, dont l’esthétique pop l’avait pourtant rendu célèbre internationalement. De cette pratique traditionnelle de la peinture et du dessin, le Musée Paul Valéry révèle aujourd’hui la part la plus récente. Allant de 2008 à 2023, le parcours chronologique mêle aux dessins et peintures (dont quatre encore jamais montrées au public) la production en volume de l’artiste, sculptures et assemblages divers. Ce qui apparaît manifeste dans les grandes toiles qui clôturent le parcours, c’est la fonction mythopoïétique (NDLR : l’aptitude à créer des mythes) et l’ironie critique qui émanent de l’œuvre, déjà là depuis les débuts. Martial Raysse, qu’il fût cinéaste, poète, artiste plasticien détournant des images ou peintre, n’a jamais cessé de considérer sa pratique comme une manière d’être au monde. Une façon de saisir par la mise en images des émotions que les mots ne peuvent traduire. Il y a chez lui, dès les grandes compositions des années 1980, une singulière façon de réinventer les mythes à l’aune d’un néo-classicisme hybridé qui a su regarder les antiques et les maîtres renaissants via les modernes. Dans la peinture de Martial Raysse, les mythes bougent : détournés, désacralisés, parodiés, ils changent de forme et de sens, que ce soit de manière politique, morale ou philosophique. Métamorphosés, ils entrent en résonance avec l’actualité au sein d’une œuvre qui se veut critique des comportements humains et des dérives sociétales, ici nationalismes et régimes autoritaires, là consumérisme et capitalisme. Ironiquement actuelle et amoureusement intemporelle, la peinture de Martial Raysse l’est plus que jamais.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Martial Raysse maintenant
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°766 du 1 juillet 2023, avec le titre suivant : Martial Raysse maintenant