L’histoire des deux cités est retracée à Marseille, sur le site du futur Musée national des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, qui doit ouvrir en 2008.
MARSEILLE - Tandis que s’achève « Djazaïr ; une année de l’Algérie en France », le Musée national des arts et traditions populaires (MNATP) retrace sept siècles d’histoire, de Marseille à Alger. Conçue comme une « exposition-spectacle », la manifestation se déroule au fort Saint-Jean, au bout du Vieux-Port de Marseille, où sera installé d’ici à 2008 un MNATP totalement transformé, futur Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée. En attendant l’ouverture de ce vaste établissement (où auront lieu simultanément plusieurs expositions, mais aussi des conférences, débats et autres activités), les commissaires ont dû se contenter des 200 m2 qu’offre la tour carrée du Roi René, seul espace utilisable. Un endroit exigu dont ils ont intelligemment tiré parti pour évoquer la mémoire collective des Algérois et des Marseillais, mais aussi les histoires plus intimes de ceux qui ont voyagé d’une rive à l’autre, immigrés, Français d’origine algérienne, pieds-noirs, harkis… « Il nous a semblé que c’était une belle manière de commencer un musée que de présenter à Marseille l’exposition “Parlez-moi d’Alger”, explique dans le catalogue Michel Colardelle, directeur du MNATP. Celle-ci traite en effet d’un sujet compliqué, douloureux mais, pour cette raison même, susceptible d’enrichir le regard qu’il faut absolument porter sur notre monde trop superficiel que les multiples obscurantismes menacent toujours. » Vidéos, photographies, installations sonores, objets d’art ou du quotidien témoignent des relations politiques, religieuses et commerciales entre les deux cités, rappellent les croisades, l’esclavage, la colonisation, les migrations forcées, la guerre d’indépendance, l’exil… En introduction, le visiteur découvre deux films : le premier est conçu comme une promenade dans les musées d’Alger (celui des antiquités, des beaux-arts, des arts et traditions populaires), le second retrace brièvement, à travers des archives de l’INA, les grands épisodes qui ont marqué les deux villes. Autant d’images poignantes qui nous montrent à quel point les deux villes, bien que très différentes l’une de l’autre, se sont enrichies et construites l’une à travers l’autre… Chacun des quatre étages de la tour correspond à une tranche chronologique de cette histoire commune. Le premier niveau est dévolu à l’artisanat et au commerce du XIIIe au XVIe siècle, le deuxième, aux fastes de la période ottomane (XVIIe-XVIIIe), mais aussi aux rapports de force et de domination entre les deux cités, tandis que le troisième est consacré à des réalités plus contemporaines : la colonisation en 1830, la guerre d’Algérie, la violence et les déchirements. Enfin, l’exposition nous parle du Marseille et de l’Alger d’aujourd’hui et laisse au visiteur les moyens de s’exprimer, en se filmant grâce à du matériel mis à sa disposition. À chacun de ces quatre espaces sont associés différentes couleurs (bleu pour l’Antiquité, rouge pour Byzance…), des senteurs particulières, une bande sonore (compositions musicales, bruits de la rue) et de petites saynètes écrites par des écrivains franco-algériens… Un ensemble original et vivant qui donne un bel aperçu de ce que pourrait être le futur Musée national des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée : un institut ouvert sur le monde et sur « l’Autre ».
Jusqu’au 15 mars, fort Saint-Jean, tour du Roi René, quai du Port, 13002 Marseille, tél. 04 96 13 80 90, www.musee-europemediterranee.org, tlj sauf mardi, 10h-12h et 14h-19h, 13h-19h le week-end. Catalogue, éditions RMN, 192 p., 39 euros, ISBN 2-7118-4615-6.
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Marseille-Alger, si loin, si proche
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°185 du 23 janvier 2004, avec le titre suivant : Marseille-Alger, si loin, si proche