Marmottan s’égare en Orient

Paris. Ingres, Delacroix, Chassériau, Gérôme, Fromentin, Guillaumet, Renoir, Marquet, Kandinsky et Klee… On retrouve au Musée Marmottan les peintres de l’orientalisme recensés par Christine Peltre, spécialiste du mouvement. « Mais, défend Marianne Mathieu, directrice scientifique du musée, je voulais un parcours qui parle non de l’orientalisme mais de peinture pure. » Celui-ci s’articule autour du « fantasme et de la lumière », comme le précise Emmanuelle Amiot-Saulnier, commissaire. Côté odalisques, selon Marianne Mathieu, « entre Ingres et Vallotton, la peinture se simplifie et abandonne la référence à l’Orient pour se révéler à elle-même. En revanche, dans le domaine du paysage, c’est-à-dire de la vraie expérience de l’Orient et de la rencontre de la lumière, l’évolution est beaucoup plus avant-gardiste. »

Le visiteur s’attend donc à une section dévolue à la recherche formelle autour des « effets plastiques des courbes féminines » décrits par la commissaire dans le catalogue, et à une autre montrant l’évolution du paysage oriental vers la bidimensionalité et l’immersion dans la lumière et la couleur (selon le témoignage de Klee). On aurait pu se cantonner à un sujet et l’explorer réellement. Il n’en est rien : le parcours, chrono-thématique, passe des odalisques aux scènes de genre pour aboutir au paysage, en faisant un détour par le Maghreb impressionniste, avant de juxtaposer Le Bain turc (1907) de Vallotton à Peinture avec forme blanche (1913) de Kandinsky. Le propos est brouillé et l’on ressort avec l’impression d’avoir vu un (beau) résumé de l’orientalisme, soit précisément l’inverse des intentions annoncées.