Marlène Mocquet la magicienne

Au sein d’une scénographie parfaitement conçue par le commissaire, Henri-François Debailleux, par la directrice du lieu, Aude Cartier, et par l’artiste elle-même, les œuvres présentées, minuscules ou monumentales, offrent une multitude de petits rébus narrés et de sujets croquignolets. Fraises volantes, femmes girafes, œufs au plat fleuris, escadrons d’oiseaux surexcités… ça grouille vraiment de partout. Étrange art que celui de Marlène Mocquet. Elle s’autorise tout : sculpte directement des personnages dans la matière picturale, colle avec décontraction sur ses toiles vierges paillettes, résines, faux moustiques et autres. On est constamment au bord du ratage, voire du total mauvais goût ; on n’y tombe pourtant jamais. Le va-et-vient entre narration et formalisme, figuration et abstraction, anciens (Bosch, Velázquez) et modernes (Dalí, Dado), fonctionne à plein régime. Aventuriers, les tableaux qu’elle donne à voir sont toujours réussis : ils aimantent, comme s’ils avaient leur propre vie. Et, cerise sur le gâteau, cette peinture gagne à être exposée au musée. L’union fait sa force. Chaque pièce s’inscrit dans un grand tout qui forme une expo-événement, à vivre telle une grande installation célébrant le petit théâtre
grotesque de Marlène. Dommage qu’elle ne s’accompagne pas d’un catalogue qui lui donnerait davantage d’amplitude. Car c’est bien là le seul bémol de cette exposition réjouissante.