Peintre, sculpteur et poète, Markus Lüpertz, né en 1941 en Tchécoslovaquie, compte parmi les figures fondatrices de la scène artistique germanique des années 1970-1980 en compagnie de Baselitz, Immendorff, Penck et autres compatriotes qui ont animé le mouvement néo-expressionniste.
Si, comme il l’a souvent répété, « la peinture est une activité révoltante », rien n’a jamais endigué l’irrésistible nécessité qui le porte à tenter d’acquérir à travers elle un « infime espoir d’éternité ». Rétrospective, l’exposition que lui consacre cet automne la Bundeskunsthalle de Bonn parcourt les quelque quarante-cinq années de travail accompli depuis le début des années 1960 où l’artiste est venu s’installer à Berlin.
Il y réalise alors une première série de peintures qu’il place sous le label de « dithyrambiques » présentées en 1964 à la galerie Grossgörschen 35 dont il est le cofondateur avec Hödicke et Koberling. Inspirées par une veine dionysiaque, celles-ci sont l’occasion pour le peintre, deux ans plus tard, d’accorder au dithyrambe la forme d’un manifeste. Si son art évolue par suite et traverse une phase formelle – Traces (1966) – qui privilégie le contraste entre perspective et volume, Lüpertz s’empare très vite de sujets qui réfèrent au passé récent et encore tabou de l’Allemagne. Multipliant les images de casques et autres équipements militaires comme autant de grandes figures allégoriques, il en organise un véritable exorcisme pour se laisser proprement déborder par le pur plaisir de la peinture.
À la fin des années 1970, après une séquence où dominent les « paysages urbains » et les « peintures de style », Markus Lüpertz affiche une admiration sans frein pour Picasso. Tout en s’essayant à la sculpture monumentale, il multiplie les tableaux en référence flagrante au maître non sans en transformer les thèmes sur un mode expressionniste aux touches violentes et aux couleurs rudes. Silhouettes décharnées aux allures de revenants, crânes tout sourire, nus anthropomorphes, vie et mort…
L’art de Lüpertz s’affirme au fil du temps comme une puissante « réflexion sur le passé ». À considérer le parcours établi, le visiteur de l’exposition de Bonn vérifiera que, comme le déclare l’artiste, celle-ci « n’est pas une nostalgie » mais le vecteur d’une régénérescence prospective de la peinture;
« Markus Lüpertz. Une rétrospective. Peintures et sculptures 1963-2009 », Bundeskunsthalle, Friedrich-Ebert Allee 4, Bonn (Allemagne), www.bundeskunsthalle.de, jusqu’au 17 janvier 2010.
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Markus Lüpertz
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°619 du 1 décembre 2009, avec le titre suivant : Markus Lüpertz