D’origine polonaise, installée à Londres depuis de nombreuses années, Maria Chevska y développe une réflexion sur les relations picturales entre le mot et l’image. C’est dire si son travail pose la question cruciale de la représentation en peinture. A la surface de ses tableaux se lient et se délient tout un monde de lettres qui forment mot sans toujours former sens direct. D’autant que certaines s’empêtrent dans le vif de la matière picturale en un jeu troublé d’apparition et de disparition. On peut y lire des mots, parfois des bribes de phrase mais jamais aucun texte complet. L’usage qu’elle fait du kaolin comme pâte pigmentaire participe à augmenter la difficulté que l’on a à déchiffrer ses tableaux et inscrit sa démarche dans une réflexion sur le monochrome, à la façon dont l’envisage une certaine histoire de l’art de Malevitch à Ryman, en passant par Cy Twombly, Agnès Martin ou Opalka. Il y va en effet chez Chevska d’une même attitude radicale et sensuelle que chez ces aînés quant à la rigueur conceptuelle mise en œuvre dans le travail et l’aveu du pur plaisir de peindre qui le règle. Que les mots peints par l’artiste soient issus de textes de Joyce, de Kafka ou de Raymond Carver et qu’ils soient choisis pour leur caractère descriptif et informatif n’est évidemment pas innocent d’une démarche qui cultive l’étrange et l’innommable.
- PARIS, galerie Philippe Casini, 13, rue Chapon, tél. 01 48 04 00 34, 12 janvier-9 mars et AMIENS, Maison de la Culture, place Léon Gontier, tél. 03 22 97 79 79, 12 janvier-10 mars.
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Maria Chevska, le mot et l’image
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°533 du 1 février 2002, avec le titre suivant : Maria Chevska, le mot et l’image