Berne montre en exclusivité des œuvres graphiques d’artistes français du XIXe siècle, issues du plus important musée des beaux-arts hongrois. Présentée ensuite à la Kunsthalle de Hambourg, cette exposition est axée sur l’importance du dessin dans le processus créatif des artistes de l’époque.
BERNE - C’est la première fois que le Musée des beaux-arts de Budapest prête à un musée étranger une partie de sa collection de dessins de maîtres français du XIXe siècle. Le choix d’exposer dans un musée suisse n’est pas anodin puisque, historiquement, les premières collections privées d’art moderne français, en dehors de la France, sont nées en Hongrie et en Suisse. Cette collaboration permet surtout de proposer des œuvres graphiques couvrant tout le siècle, depuis l’admirable dessinateur qu’était Ingres – les Portraits de M. et Mme Stürler, 1849-1861 –, à l’approche plus sensible de Cézanne. L’exposition offre un vaste panorama de dessins d’Ingres, Daumier et Cézanne.
Cette présentation quelque peu ostentatoire privilégie les chefs-d’œuvre, mais démontre également que le dessin a été, en France au XIXe siècle, comme jamais auparavant, un support extraordinaire de la pensée. L’étude du catalogue ainsi que l’exposition témoignent en effet de la fructueuse interaction qui existait à cette époque entre le dessin et la peinture, parfois même source d’opposition dans les attitudes tranchées qui opposaient Ingres à Daumier. Pourtant, le dessin n’exprimait en aucune manière un état d’âme individuel et solitaire ; il était surtout un moyen essentiel de réaliser ses aspirations dans le domaine de l’art : perfectionnement raffiné pour Ingres, opposé à l’exceptionnelle spontanéité de Daumier, notamment dans ces lithographies qui ont été parfois comparées aux œuvres des calligraphes japonais.
L’intérêt de l’exposition est de montrer un choix de dessins ou d’aquarelles peu ou jamais vus par le public, comme le Lion couché, 1848-1850, de Delacroix, ou le Paysage de rivière, 1900, de Signac. C’est aussi l’occasion de comprendre la passion qui a animé ces premiers collectionneurs étrangers d’art moderne français, qui appréciaient plus particulièrement les esquisses, croquis et recherches graphiques attachés à la préparation d’œuvres picturales. Le haut fonctionnaire hongrois Pal Majovsky (1871-1935) en est un parfait exemple, et son legs constitue encore aujourd’hui la plus grande partie du fonds du musée hongrois.
D’INGRES À CÉZANNE, Musée des beaux-arts, Hodlerstrasse 8-12, Berne, tél. (31) 311 09 44, jusqu’au 2 juin, ouvert le mardi de 10h à 21h, du mercredi au dimanche de 10h à 17h, fermé le lundi. Catalogue, 50 FS
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Maîtres français du XIXe siècle
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°24 du 1 avril 1996, avec le titre suivant : Maîtres français du XIXe siècle