Lyon, la photo et la Méditerranée

L’esprit de la manifestation – « être un laboratoire documentaire contemporain qui révèle de jeunes artistes émergents et confirme d’autres plus renommés » – demeure toutefois, comme le révèle la programmation qui, depuis le 8 septembre et jusqu’au début du mois de novembre, tisse une trame d’expositions explorant et interrogeant le réel de l’espace méditerranéen dans ses diversités territoriales et identitaires, ses conflits et mutations.

Du vécu palestinien perçu par Taysir Batniji à travers notamment sa série Watchtowers, qui répertorie les miradors israéliens à la manière des Becher (espace d’art contemporain BF 15), aux rives de l’Euphrate, chemin de la déportation arménienne en Syrie suivi par Aram Dervent (Fondation Bullukian) se livrent des réalités où dominent l’arbitraire des tracés, la violence et la complexité de ces territoires et zones frontalières qu’explorent tout aussi subtilement Monique Deregibus et Benoît Laffiché au Centre d’arts plastiques de Saint-Fons et Farida Hamak (Galerie Regard Sud) avec ses trois séries consacrées respectivement aux réfugiés chiites du palais Dahesh de Beyrouth, à une famille de Bethléem face au Mur, et au Jourdain. Gravité et dramaturgie méditerranéennes que l’on retrouve aussi dans les images de Dolores Marat (Galerie Françoise Besson) et celles de Christophe Bourguedieu sur Marseille (Le Bleu du ciel) avec en contrepoint à la Bibliothèque municipale de Lyon la vision corrosive de Martin Parr sur le tourisme de masse et la mondialisation.