Lumière sur Joaquín Sorolla

Aussi célèbre – dit-on – en Espagne que Velázquez et Goya, le peintre n’est pas connu du public des musées en France. À part quelques expositions au Musée des impressionnismes (Giverny, 2016) et au Musée du Petit Palais (Paris, 2007), Sorolla a échappé au radar des institutions hexagonales. Sur le plan de la peinture, c’est en revanche plus discutable. Il n’est justement ni Velázquez ni Goya, ni même Manet, Monet, Pissarro ou Degas, auxquels il pourrait être davantage apparenté. « Regarder Sorolla, c’est assister à un cours magistral parfaitement structuré sur la peinture européenne de la fin du XIXe siècle, nous dit María López Fernández, commissaire de l’exposition. Tout est dans la peinture de Sorolla, parce qu’il a tout étudié et tout noté. » Certes, mais a-t-il seulement inventé ? Voilà pourquoi il échappe aux musées français, davantage tournés vers les avant-gardes. Malgré tout, faut-il ne pas s’y intéresser ? Joaquín Sorolla est un excellent peintre, et l’exposition de l’Hôtel de Caumont présente quelques beaux morceaux de peinture, à l’instar du portrait de María au chapeau (1910) ou du Profil de Clotilde (vers 1884). Les vues de plages sont, elles, moins intéressantes, même si le traitement de la lumière, proche de Bonnard, les rendent séduisantes. Alors, ne boudons pas notre plaisir : l’exposition nous donne l’occasion ou jamais de voir Sorolla en France. En soi, c’est un événement.