L’univers de Doug Aitken est celui de l’image en mouvement. Une formule qui va comme un gant aux expositions de ce californien de 37 ans, récompensé en 1999 à la Biennale de Venise et depuis véritable star. Car ses films, impossible de les voir assis confortablement. Ils se comprennent dans un environnement de plusieurs écrans de projection, de son dolby, comme pour happer le spectateur dans un espace intermédiaire.
La multiplication des points de vue ne tient pas du simple maniérisme manipulé par des artistes conscients du manque d’intérêt de leurs films. Chez Aitken, elle a une vraie légitimité. Provoquant un déséquilibre visuel, elle frustre le visiteur qui ne peut tout voir et finit pas élaborer un nouveau scénario.
Subjuguée par la beauté renversante des paysages urbains et naturels, la déstabilisation prend progressivement un sens. À l’instar de Los Angeles, ville à l’urbanisme tentaculaire, les projections éclatées des films témoignent de l’incertitude des choses. Écartant les convictions définitives, le vidéaste cherche l’inconfort du regard pour accélérer la pensée.
Stimulation et dynamique sont d’ailleurs omniprésentes dans les trois installations dont deux totalement inédites qui investissent le Couvent des cordeliers. Des courbes serpentines, des films diffusés par onze moniteurs plats ou projetés sur trois grands écrans, il n’y aura donc pas moyen de suivre l’histoire de Doug Aitken. Il faudra inventer la sienne.
Le labyrinthe fait de dizaines de miroirs en acier poli, articulés à la manière d’une sculpture cinétique, symbolise bien cet alliage subtil de vitesse, de diffraction et de subjectivité. No history, œuvre bien nommée, pourrait être l’emblème du principe d’Aitken : l’affranchissement de tout programme. Une liberté impressionnante immergée dans les paysages de l’Ouest américain et du Sinaï du nouveau film Hurricane, des moments fragmentés, un transport d’émotions qui risque de nous emmener très loin.
« Ultraworld » couvent des cordeliers/ ARC, 15 rue de l’école de Médecine, Paris VIe, tél. 01 53 67 40 00, www.mam.paris.fr, jusqu’au 31 décembre.
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L’ultramonde de Doug Aitken
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°575 du 1 décembre 2005, avec le titre suivant : L’ultramonde de Doug Aitken