PARIS
Son souci rigoureux d’un renouvellement constant des formes fait de Charles Loupot (1892-1962) l’un des grands rénovateurs de l’affiche française de l’entre-deux-guerres.
L’exposition que consacre la bibliothèque Forney au « plus peintre des affichistes » dévoile les différentes métamorphoses de son style. Au cours de sa carrière, cet ancien élève des beaux-arts de Lyon, formé à la lithographie au sein des meilleurs ateliers en Suisse, quitte progressivement le modelé de ses silhouettes pour tendre vers une manière plus épurée, développant des formes géométriques et minimalistes.
À son arrivée à Paris en 1923, l’affiche française, autrefois alimentée par Henri de Toulouse-Lautrec et Pierre Bonnard, n’est pas très florissante. Pour Loupot et ses camarades affichistes, Cassandre, Jean Carlu et Paul Colin, le moment est idéal pour insuffler de la nouveauté aux images publicitaires, d’autant plus qu’une fièvre de consommation s’est emparée des Français. De grands annonceurs font appel à l’élégance du style Art déco de Loupot (Eugène Schueller, Étienne Nicolas, Max Augier), l’incitant à travailler au service de marques comme Ambre solaire, Nectar, St-Raphaël…
L’exposition, qui ne comporte qu’un petit nombre de textes allant à l’essentiel, laisse place à l’image. L’œil du spectateur se trouve ainsi libre d’apprécier la petite centaine d’œuvres exposées. Le logo d’Air liquide, conçu à la fin de sa vie, clôt le parcours : aux limites de l’abstraction, image et texte ne font plus qu’un. L’extrême simplicité graphique recherchée par Loupot atteint ici son apogée.
« Charles Loupot. Peintre en affiche »,
bibliothèque Forney, Hôtel de Sens, 1, rue du Figuier, Paris-4e.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°710 du 1 mars 2018, avec le titre suivant : Loupot, rénovateur de l’affiche française