Aussi elliptique que son titre, la première exposition monographique d’envergure du jeune Loris Gréaud, seulement vingt-cinq ans et déjà une réputation de petit génie plutôt justifiée, joue le jeu de l’immatériel et du hors champ à travers un nombre impressionnant de productions inédites. Tout a commencé par une envie de rencontrer des spécialistes (scientifiques, historiens, musiciens, etc.) pendant neuf mois et d’élaborer avec eux des projets comme on répond à des questions. L’émulation intellectuelle, la spéculation, voici deux des euphorisants de l’esprit vif de Loris Gréaud qui construit des architectures avec des courants d’air, diffuse des bruits roses – ces sons qui parasitent le bruit pour générer le silence – ou donne corps à l’odeur de la planète Mars. Avec Pascal Rousseau, historien d’art et commissaire des « Origines de l’abstraction » à Orsay en 2003, ils ont compulsé toutes sortes d’ouvrages pour réunir des descriptions olfactives de Mars et les soumettre à un cabinet spécialisé dans la composition de « jus ». Cette fragrance extraterrestre baptisée Spirit, métallique et citronnée, ponctue la visite d’un spectateur sans cesse dérouté par la dématérialisation des œuvres.
L’esprit des lieux qu’a installé Gréaud au Plateau est aussi difficile à percevoir qu’il est puissant. Stimulateur d’imagination, source d’émerveillement et de circonspection, il brasse à tout va les références et les univers, fortement teintés de science-fiction et de paranormal.
« Loris Gréaud, Silence goes more quickly when played backwards », PARIS, Le Plateau, 22 rue des Alouettes, XIXe, tél. 01 53 19 84 10, jusqu’au 22 mai.
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Loris Gréaud, rumeur de l’au-delà
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°568 du 1 avril 2005, avec le titre suivant : Loris Gréaud, rumeur de l’au-delà