Amsterdam, le quartier rouge du « Hoerengracht ». Derrière leurs fenêtres, sous la loupiote écarlate, les filles fument, feuillettent un magazine ou se remaquillent.
Amsterdam, le quartier rouge du « Hoerengracht ». Derrière leurs fenêtres, sous la loupiote écarlate, les filles fument, feuillettent un magazine ou se remaquillent. À ceci près que les vitres respirent la crasse, que les filles ne vendent qu’un corps de résine et plastique et que les visages mornes sont tous encadrés d’une curieuse petite fenêtre métallique.
La vénérable National Gallery accueille Hoerengracht (1983-1988), spectaculaire et quasi ultime installation du couple d’artistes Ed et Nancy Kienholz, avant la disparition du maître californien de l’assemblage en 1994. Cinq ans de travail pour une reconstitution dans son jus eighties de quelques rues du fameux quartier d’Amsterdam. Quant au spectateur, il est invité à arpenter les ruelles, longer les petites boîtes, guigner timidement par-dessus un rebord de briques, derrière une fenêtre ou dans le reflet d’un miroir. Comme il le ferait en situation réelle.
Empathique, théâtrale et claustrophobe, l’installation de Kienholz n’en est pas moins travaillée par la peinture. Jeux de perspectives, jeux de cadres, entrées dans le tableau-fenêtre, l’Américain multiplie les références : ici une crasseuse reproduction accrochée sur un mur répétant le chambranle de la fenêtre, là un savant enchaînement de cadrages, ici une lampe à franges rose sale éclairant une construction spatiale. Et c’est bien l’objet de sa présence au seuil de la collection de la National Gallery, à une ruelle des peintures hollandaises du XVIIe.
« Kienholz: The Hoerengracht », National Gallery, Trafalgar Square, Londres (Grande-Bretagne),
www.nationalgallery.org.uk, jusqu’au 21 février 2010.
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Londres voit rouge
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°620 du 1 janvier 2010, avec le titre suivant : Londres voit rouge