En histoire de l’art ancien, notamment religieux, on parle volontiers de « programme iconographique » : le sujet imposé à l’artiste pour une œuvre dont il a reçu commande. On aurait pu penser qu’avec l’avènement d’une peinture libérée du sujet, comme cela est advenu au début du XXe siècle, le concept de programme soit devenu caduc. C’était sans compter avec les avant-gardes postmodernes qui allaient nourrir l’art contemporain de nouvelles aventures artistiques, les unes conceptuelles, les autres technologiques. En effet, après une pratique de la série, nombreux sont les artistes de la fin du xxe siècle qui se sont inventé toutes sortes de procédures de travail fondées sur des principes, des règles, voire des énoncés, très rigoureux. Roman Opalka décide de peindre l’ensemble des nombres entiers naturels selon un protocole très défini ; Claude Closky s’applique à tracer un cercle à main levée sur toutes les pages vierges d’un livre ; On Kawara peint depuis quarante ans des tableaux portant la date du jour de leur réalisation ; Eric Cameron recouvre de 7 000 couches de peinture pendant vingt-cinq ans le même objet ; Patrick des Gachons a choisi le carré bleu pour unique objet de sa peinture, etc. Si la notion de programme intègre à l’œuvre le facteur temps, la forme, tout en étant répétitive, n’en est pas moins à chaque fois singulière. C’est ce rapport de l’un au tout, du détail à l’ensemble, du local au global, qui fonde l’intérêt de ce type de démarche dans une relation d’intelligence avec une époque. Chacun de ces artistes s’adonne à une forme de création dans un style qui le signe et le distingue.
« L’œuvre en programme », BORDEAUX (33), capc/musée d’Art contemporain, entrepôt Laîné, 7 rue Ferrère, tél. 05 56 00 81 50, 3 février-22 mai.
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L’œuvre en programme, des variations à l’infini
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°567 du 1 mars 2005, avec le titre suivant : L’œuvre en programme, des variations à l’infini