Une petite exposition, surprenante, très prometteuse et pour cela justement, un peu frustrante. D’abord une belle promesse : la toute première exposition en Europe de dessins d’arts décoratifs pour la période 1848-1914. C’est une période capitale, car le dessin prend sa place dans un circuit économique complexe. Le Gotha, les Rotschild, achètent et commandent leur mobilier sur dessin. Et les dessins sont, on l’apprend à cette occasion, montrés, encadrés, dans les Expositions universelles.
« Ils donnent une idée du glamour de la tendance à suivre », résume le conservateur Olivier Gabet. Bref une source d’inspiration pour les créateurs de second ordre. Qu’on ne s’attende pas d’ailleurs uniquement à de grands noms : Gallé vu et revu est un peu écarté pour une fois ; place aux oubliés de l’éclectisme. Aux côtés de Van de Velde, de Mucha, qui se souviendra des créations d’un Belleville ? L’exposition lui fait une place pourtant. Car ce qui compte, c’est le dessin, beau et énigmatique.
Énigmatique en effet : le grand absent de l’exposition, c’est l’objet. Hélas ! Car l’intérêt technique du dessin n’est pas toujours perceptible. Pour certains dessins, les plus beaux, les mieux finis, on ne sait pas s’ils ont été exécutés avant ou d’après l’objet. Une ligne souple et précise, des camaïeux subtils, ce sont de magnifiques feuilles, avis aux amateurs. Mais elles n’apprennent rien sur l’acte créateur. À l’opposé, des croquis rapides sur un coin de feuille (des sièges de Bugatti par exemple) permettent de saisir la ligne, l’élan qui n’apparaît pas toujours dans des créations composites. Mais aucun détail de sculpture ou d’incrustation n’y apparaît : ce sont des schémas sommaires.
L’autre frustration est historique. L’exposition rend compte d’une longue période éclectique suivie d’une brève incursion dans le xxe siècle. On aimerait que les œuvres montrées s’étendent un peu en deça, un peu au-delà. Plus qu’un panorama, l’exposition est donc une esquisse mais une belle esquisse.
« L’objet et son double : dessins d’arts décoratifs des collections du musée d’Orsay », musée d’Orsay, 62 rue de Lille, Paris VIIe, tél. 01 40 49 48 14, 31 janvier-30 avril.
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L’objet... et son double dessiné
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°577 du 1 février 2006, avec le titre suivant : L’objet... et son double dessiné