Dans le cycle d’expositions consacrées au \"Siècle de l’Amérique\", le Centre canadien d’architecture (CCA) présente un deuxième volet qui s’intéresse aux projets révolutionnaires de Frank Lloyd Wright. Un ensemble de dessins originaux et de maquettes rend compte de l’esprit utopique du grand architecte américain.
MONTRÉAL - Le cycle d’expositions organisé par Phyllis Lambert au CCA et intitulé "Le siècle de l’Amérique" entend porter un regard neuf sur certains aspects sensibles de la création architecturale moderne aux États-Unis. Deux données essentielles modifient en profondeur la relation de l’homme à l’habitat : les espaces infinis du continent américain et le défi de l’automobile, qui affectent bien sûr le paysage lui-même. À partir de cette double contrainte, Frank Lloyd Wright a tenté d’imaginer des solutions qui ne fussent pas simplement conjoncturelles, mais pouvaient au contraire jeter les bases d’une nouvelle conception de l’espace moderne.
Utopies
L’architecte ne témoigne pas d’un pieux respect vis-à-vis de la nature qui l’empêcherait de mener à bien son entreprise. Il cherche au contraire à en tirer parti, en la modelant avec des égards pour se l’approprier de façon intelligente. De même ne saurait-il être question de négliger la question automobile : là encore, Frank Lloyd Wright conçoit des programmes qui en auraient permis un usage rationnel. La voiture est à son époque vécue comme riche de promesses, et peut-être aurait-elle pu le rester si une réflexion comme la sienne avait eu des chances d’aboutir. Les dessins originaux et les maquettes présentées au CCA sont tous relatifs à des projets qui n’ont pas vu le jour. Certains n’avaient pas même fait l’objet d’une commande : Frank Lloyd Wright espérait intéresser de riches tycoons à ses conceptions.
Connaissant dans les années vingt des difficultés financières, c’était pour lui la meilleure façon de procéder. Les projets sont d’autant plus extraordinaires que l’architecte est seul juge, qu’il fixe lui-même les contraintes et définit les ambitions de sa démarche sans jamais verser dans un esprit utopique extrême. Quelles que soient les situations et la nature des projets, il tient compte des dispositions naturelles et de leur caractère praticable. Pour le Doheny Ranch Development, la Lake Tahoe Summer Colony, le A. M. Johnson Desert Compound, le Gordon Strong Automobile Objective ou San Marcos in the Desert, Frank Lloyd Wright a toujours à cœur de proposer des ensembles architecturaux étendus dans l’espace et d’une impeccable cohésion. Les cent cinquante dessins, dont beaucoup sont montrés pour la première fois, donnent un excellent témoignage du style de Wright. Les maquettes réalisées spécialement pour l’occasion permettent d’en visualiser mieux encore certains aspects.
FRANK LLOYD WRIGHT, INVENTER UN PAYSAGE AMÉRICAIN, jusqu’au 22 septembre, Centre canadien d’architecture, Montréal, tlj sauf lundi 11h-18 h, jeudi jusqu’à 20h. Catalogue sous la direction de David G. De Long, éditions du CCA-Harry N. Abrams, 208 p., Can$ 39,95.
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L’invention de l’Amérique
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°28 du 1 septembre 1996, avec le titre suivant : L’invention de l’Amérique