L’immersion dans le vivant de Camille Llobet

Seul un plan des salles avec le titre des œuvres est remis à l’entrée. Les familiers du travail sauront de quoi il s’agit, les autres se laisseront porter de salle en salle, le regard et l’ouïe mise en éveil par les mouvements, gestes, bruits, sons et expressions des hommes et des femmes que l’artiste filme. Ce n’est que dans la dernière salle plongée dans le noir, avec pour seul présence le son du souffle d’un vent soutenu, que l’on aura accès au carnet explicatif des vidéos visionnées et des dessins muraux contemplés. À commencer par ce Fond d’air, enregistré au solstice d’été sur un rocher dominant trois vallées glaciaires des Alpes, création sonore inédite qui donne son titre à l’exposition. Reprendre alors sa lecture et repasser devant ce qui se découvre être la transcription verbale et graphique des syllabes imprécises encore prononcées par la jeune enfant de l’artiste ou encore les bouches de danseuses lors d’un échauffement. L’apprentissage et l’usage de la parole et du corps, de ce qu’ils génèrent en perceptions, sensations et interprétations, est au cœur du travail Camille Llobet. Projeté pour la première fois, son premier documentaire réalisé dans le massif du Mont-Blanc est particulièrement prégnant en la matière. Construit à partir de trois dialogues distincts de guides de haute montagne ou de géomorphologues, et de leurs déplacements dans ces paysages impactés par le changement climatique, il exprime au plus près ce que l’appréhension induit en écoute, attention et adaptation. Son titre, Pacheû, signifie le cheminement, la trace laissée. Ce qu’induit toute l’exposition sur le registre du sensible.