Les Anglais possèdent, c’est bien connu, un sens élevé de l’autodérision. Il en faut certainement pour inviter Martin Parr à exposer entre les murs austères du Barbican Centre.
S’il est un photographe britannique qui sût jamais rire de ses compatriotes, c’est bien ce gentleman rougi par le soleil des plages du Sud (du Kent). Ses premiers travaux connus commencent en fait sous la pluie : constatations désabusées autant que fatalistes sur la célèbre météo d’outre-Manche. Humour mélancolique en noir et blanc. L’image comme outil de résistance au spleen du crachin et des averses. Et puis il est passé à la couleur, et au soleil, photographiant sans relâche ni pardon les menus travers des sujets de sa gracieuse majesté, en plans de plus en plus serrés. Au point de ne plus s’attarder que sur l’absurdité de plats indigestes, d’objets inutiles, de signes déroutants par leur accumulation. Comble de l’outrage, n’est-il pas allé jusqu’à transporter son regard de fidèle émule des Monty Python vers ces autres insulaires aux mœurs étranges, les Japonais...
Certes, l’œuvre de Martin Parr n’est pas qu’une longue satire, un ricanement infini qui, à la longue, pourrait aussi bien devenir sépulcral. Derrière cet observateur amusé de l’absurdité de nos gestes quotidiens, il y a aussi un sociologue attentif aux dérives de nos comportements, à leurs conséquences sur l’environnement et la dégradation progressive de notre qualité de vie. Une certaine tristesse à voir disparaître la grâce et la fantaisie d’un autre temps.
- LONDRES, Barbican Art Gallery, Silk Street, tél. 207 382 7105, 31 janvier-14 avril.
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L’humour mélancolique de Martin Parr
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°533 du 1 février 2002, avec le titre suivant : L’humour mélancolique de Martin Parr