Avant sa fermeture pour rénovation, le Musée de l’homme expose les restes humains des premiers européens.
PARIS - À partir du mois de mars, le Musée de l’homme, à Paris, fermera ses portes, pour une durée d’au moins trois ans, afin de se lancer dans une vaste campagne de rénovation. Auparavant, l’institution consacre sa dernière exposition aux sites préhistoriques de la sierra d’Atapuerca, au Nord de l’Espagne. Situé à 1 000 mètres d’altitude, dans la province autonome de Castilla y León (à 15 kilomètres de Burgos), la sierra d’Atapuerca est un vaste plateau dont les restes fossiles ont révélé le peuplement le plus ancien de l’Europe occidentale, dans une période allant de 1,3 million d’années à 200 000 ans. C’est lors de travaux de construction d’un chemin de fer à la fin du XIXe siècle, que les premiers gisements ont été découverts le long d’une tranchée traversant une quarantaine de grottes – aujourd’hui classées au patrimoine mondial de l’Unesco. Les fouilles réalisées sur place depuis trente ans sont ici restituées au public dans une ambiance calfeutrée évoquant l’intérieur des grottes préhistoriques. Moulages, plans, dessins et maquettes, panneaux pédagogiques, vitrines lumineuses, documents audiovisuels et photographiques offrent d’indispensables clefs de lecture aux restes humains présentés. Parmi eux, une phalange mise au jour dans le gisement de la Sima del Elefante (1,3 million d’années d’ancienneté) que les scientifiques ont rattaché à l’Homo antecessor, « l’homme explorateur ».
Considéré comme le premier européen, il est l’ancêtre commun de l’Homo sapiens et de l’Homo heidelbergensis, espèce elle-même à l’origine des Néandertaliens. Vieux de 800 000 ans, le crâne original de l’Homo antecessor fait partie des plus anciens vestiges d’Atapuerca découverts sur le gisement de Gran Dolina au milieu des années 1990. Ces nouvelles données avaient repoussé les limites de la chronologie des premiers peuplements d’Europe datés auparavant à un demi-million d’années. Le crâne de l’Homo antecessor est présenté avec une reconstitution scientifique du visage qu’il pouvait avoir et mis en regard d’autres fossiles de référence. Autre site ici évoqué : le gisement de la Sima de los Huesos avec des vestiges vieux de 400 000 ans de l’Homo heidelbergensis. La découverte du site de la Sima de los Huesos a été capitale pour la recherche car il a révélé ce qui s’apparente à une sépulture – un puits où ont été accumulés des fossiles humains – et la première offrande funéraire connue à ce jour, un biface en quartzite rouge taillé il y a 400 000 ans. Autant d’éléments qui permettent au visiteur de capter l’importance scientifique des sites d’Atapuerca, où les fouilles se poursuivent et promettent encore de belles découvertes.
Le parcours s’achève sur la maquette du Musée de l’Évolution humaine de Burgos qui doit être inauguré l’année prochaine, pour abriter, entre autres, les vestiges d’Atapuerca. Ce site exemplaire est composé de trois grands bâtiments : le musée, un centre de recherche et un auditorium. Une manière pour le Musée de l’homme de rappeler que, lui aussi, mérite des espaces dignes de son potentiel à l’heure où le projet scientifique n’est pas entièrement défini.
ATAPUERCA, SUR LES TRACES DES PREMIERS EUROPÉENS, jusqu’au 16 mars, Musée de l’homme, 17, place du Trocadéro, 75116 Paris, tél. 01 44 05 72 72, tlj sauf mardi, 10h-17h, le week-end 10h-18h.
ATAPUERCA
Commissariat : Juan Luis Arsuaga ; José MarÁa Bermúdez de Castro ; Eudald Carbonell, codirecteurs des équipes d’investigations à Atapuerca ; Jean-Pierre Mohen, directeur de la rénovation du Musée de l’homme
Superficie : 400 m2
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L’Homo explorateur
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°296 du 6 février 2009, avec le titre suivant : L’Homo explorateur