L’expressionnisme sur le sol anglais

Mais s’agit-il véritablement d’un groupe ? Kandinsky affirmait qu’« il n’y eut jamais d’association Der Blaue Reiter… comme on l’a si souvent écrit par erreur. » De fait, il s’agit avant tout d’un rassemblement d’artistes internationaux qui, grâce au talent d’organisateur du peintre russe, participent à plusieurs expositions dont la première a eu lieu à Munich en 1911. En réalité, l’histoire de l’art a retenu avant tout L’Almanach du Blaue Reiter (1912), édité par Marc et Kandinsky, qui est exposé à Londres. Il ne s’agit pas d’un manifeste, mais d’un ouvrage collectif, dans lequel les auteurs prônent le décloisonnement entre les arts majeurs et mineurs, les arts primitifs et contemporains, entre la musique et la peinture. L’influence des arts populaires, ainsi que la valeur émotionnelle et subjective de l’œuvre sont des motifs récurrents de divers articles. En nommant l’exposition « Expressionnistes : Kandinsky, Münter et le Blaue Reiter », la Tate rappelle l’histoire de cette formation. C’est à Murnau, un village situé en Haute-Bavière, au sud de Munich, que ces deux artistes, avec Alexeï von Jawlensky et sa compagne Marianne von Werefkin, artiste elle-même, développent un langage plastique libéré des contraintes de l’imitation. En témoignent L’Arbre rouge de Werefkin (1910) ou un paysage de Murnau par Kandinsky, prêtés par le Musée Lenbachhaus de Munich. À leurs côtés, les sombres toiles d’Arnold Schoenberg et celles, d’une grande richesse chromatique, d’August Macke, montrent toute la difficulté à trouver des points communs entre ces artistes, à moins de renoncer à des critères purement stylistiques ou iconographiques. On peut éventuellement suivre les commissaires de l’exposition qui considèrent que les participants du Blaue Reiter se caractérisent par un anticonformisme affirmé. Autrement dit, par un caractère expressionniste.