Le moindre dessin, le plus modeste écrit, la plus petite réalisation d’une trace humaine est toujours un indice de vie.
Et cet indice peut prendre une dimension énorme s’il témoigne d’une résistance à l’exclusion et à la destruction. On découvre dans cette exposition des dessins, des peintures, des objets et des textes réalisés dans des lieux de réclusion et d’exclusion. Un premier espace est consacré aux productions issues d’ateliers d’arts plastiques animés par des collectifs d’artistes dans les campements précaires d’exilés telle la « jungle de Calais » et dans les camps de réfugiés en Grèce et en Italie. On y découvre aussi les dessins très explicites et hauts en couleur du jeune réfugié soudanais Hafiz Adem. Une deuxième section présente ce que l’on nomme aujourd’hui « Art carcéral ». Les Paños (mouchoirs) minutieusement dessinés et peints dans leurs cellules par les prisonniers chicanos des prisons nord-américaines y côtoient les productions issues d’ateliers d’expression artistique existant dans certains centres pénitenciers. La troisième section baptisée « Festins imaginaires » présente des feuillets, des petits carnets, des cahiers en papier, mais aussi en tissu et autres matériaux improbables qui contiennent, soigneusement rédigées, des recettes de cuisine. Au prix d’énormes risques, échappant au contrôle de leurs geôliers, des internés des camps de concentration nazis, des camps de travail soviétiques et chinois ou des camps de prisonniers civils et militaires japonais ont mis en mots leurs rêves culinaires les plus personnels et les plus inaccessibles. Incroyable et poignant !
Musée international des arts modestes (Miam), 23, quai Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, Sète (34), www.miam.org
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°714 du 1 juillet 2018, avec le titre suivant : L’expression artistique comme ultime liberté