ÉCOUEN
Il s’agit d’une première : jamais une exposition n’avait été exclusivement consacrée au théâtre de la Renaissance en France avant celle qui investit actuellement l’aile sud du château d’Écouen dans le Val-d’Oise.
L’enchaînement de salles thématiques permet de distinguer les influences tant historiques qu’esthétiques qui firent surgir une nouvelle dramaturgie teintée d’un syncrétisme puissant, à la croisée de la tragédie antique, de la comédie italienne et de la farce. L’exposition débute par la tradition théâtrale médiévale dont les mystères en étaient l’expression la plus spectaculaire. Deux manuscrits originaux prêtés par la BnF montrent l’un des plus fameux, La Passion de Valenciennes (1547), auquel un film en réalité virtuelle redonne vie. Les influences du théâtre antique, de l’improvisation italienne et du théâtre de cour se succèdent de façon chronologique dans les trois salles suivantes, dévoilant manuscrits, dessins, gravures, tableaux, costumes et objets d’une époque dont de rares objets subsistent, soulignant l’expertise des commissaires. Les reconstitutions sont elles aussi de qualité comme les séries de portraits de personnages emblématiques montrant l’évolution de leur représentation au fil des périodes d’exécution ou encore le costume du personnage d’Arlequin, moulant, aux ajouts de tissus colorés et rapiécés, révélant la provocation voulue par son créateur, Tristano Martinelli, qui l’inventa à Paris en 1584. Le raffinement du château d’Écouen, bijou de l’architecture de la Renaissance, en fait l’écrin parfait pour découvrir celui du théâtre de son époque.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°718 du 1 décembre 2018, avec le titre suivant : Lever de rideau sur le théâtre de la Renaissance