En haut de l’escalier d’honneur, un tigre de bois laqué et doré rugissant, prêt à bondir, accueille le visiteur curieux de redécouvrir le Musée Cernuschi, qui vient de rouvrir ses portes au terme d’une campagne de rénovation d’envergure.
Le félin, qui a appartenu à Sarah Bernhardt, est l’un des trésors de cette collection extrême-orientale initiée par Henri Cernuschi au cours de son voyage en Asie en 1871-1872. Sur le palier, il semble présenter au visiteur les magnifiques bronzes japonais et théières colorées qui le plongent avec force dans l’univers de ce collectionneur, dont les milliers de pièces expédiées d’Asie vers Paris fascinèrent les artistes de son époque. En s’engageant ensuite dans les salles, au long d’un parcours chronologique entièrement repensé, on admire 430 objets exposés pour la première fois dans les vitrines, sur 650 au total. Un monde nouveau se déploie : l’art des dynasties impériales chinoises, qui investissait la quasi-totalité de cet hôtel particulier bordant le parc Monceau, a laissé une place nouvelle aux productions du Viêtnam, du Japon et de la Corée, dont les pièces sont exposées dans des vitrines « grand angle ». La scénographie les met en valeur avec délicatesse. Les murs, qui avaient été repeints en beige, ont retrouvé leur couleur rouge initiale, dans le goût du XIXe siècle. L’éclairage a lui aussi été repensé. Des cartes et des explications donnent à comprendre les œuvres aux amateurs néophytes. Et qu’on se rassure : le monumental bouddha de Meguro continue de trôner au cœur du musée.
7, avenue Velasquez, Paris-8e ,www.cernuschi.paris.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°734 du 1 mai 2020, avec le titre suivant : L’esprit retrouvé de Cernuschi