Les expositions de peinture espagnole à l’étranger sont relativement rares et méritent donc d’être signalées. Grâce aux prêts de 28 musées français et espagnols, la Pinacothèque nationale de Bologne présente un panorama de l’art du Siècle d’Or, tous genres confondus, en situant les grands maîtres au sein de la production picturale du temps.
BOLOGNE - Période de déclin politique, le XVIIe siècle est en Espagne un apogée pour toutes les formes d’expression artistique, de la littérature à la peinture. Les soixante-dix-sept “chefs-d’œuvre du Siècle d’Or espagnol” présentés à la Pinacothèque nationale de Bologne rendent compte de ce spectaculaire épanouissement créatif sous les règnes de Philippe III, Philippe IV et Charles II, dernier Habsbourg d’Espagne. L’exposition s’articule autour des œuvres les plus représentatives de trente-huit peintres de ce siècle, provenant de 28 musées français et espagnols, et notamment du Prado, habituellement avare de ses tableaux. En s’efforçant de dégager le style de chaque école, de Madrid à Séville en passant par Cordoue et Grenade, elle offre un large panorama de la peinture du XVIIe, des premiers maîtres du siècle – Greco, Pacheco, Herrera le Vieux et Maino – à ceux de la fin – Coello, Carreño de Miranda et Murillo.
La peinture religieuse, la plus répandue dans la très catholique Espagne, occupe naturellement une large place sur les cimaises bolonaises. Les maîtres reconnus sont présents : Le Greco et ses toiles visionnaires, Francisco de Zurbarán avec la version du Saint Visage conservée à Bilbao et son unique Fuite en Égypte, Diego Vélasquez et le Saint Thomas d’Orléans, Jusepe de Ribera avec la plus belle version du Saint Sébastien soigné par Irène de Valence, Bartolomé Murillo... Mais quelques artistes moins célèbres, comme Cajès, Espinosa ou Roelas, sont exposés à leurs côtés.
Tous ont peint des figures de saints isolées, supports de la piété personnelle, qui se sont multipliées sous l’influence de la Contre-Réforme. À l’instar de Ribera, ils ont mis leur capacité d’observation du réel au service d’une vision réaliste et immédiate de ces personnages. Les saintes de Zurbarán, dans un registre plus idéalisé, confirment cette capacité à suggérer une présence.
L’aura de l’art religieux a quelque peu occulté les autres genres picturaux, pourtant pratiqués avec talent par les artistes espagnols. La nature morte a été porté à son apogée par Zurbarán, Valdès Leal et Van der Hamen. Ne manque dans cet aperçu que Sanchez Cotán. Le portrait a également connu ses heures de gloire grâce à Vélasquez, suivi par Juan de Pareja et Claudio Coello. Signalons enfin un rare Paysage avec saint Jean-Baptiste de Juan Bautista Maino, témoin d’un genre peu répandu en Espagne.
CHEFS-D’ŒUVRE DU SIÈCLE D’OR ESPAGNOL, jusqu’au 13 avril, Pinacothèque nationale, Via delle Belle Arti 56, Bologne, tél. 39 51 24 32 22, tlj sauf lundi 9h-14h.
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L’Espagne à son apogée
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°55 du 27 février 1998, avec le titre suivant : L’Espagne à son apogée